Une nouvelle vie [PV: Ousamu Tetsurou]

Un bruit résonna dans un long couloir. Le bruit provenait d'un lit d'hôpital à roulette ou était attachée une jeune fille. Cette jeune fille se nomme Rei KURAN. Une nouvelle pensionnaire de MAO LIN HOSPITAL. Elle avait les yeux bandés et était immobilisée par de larges sangles sur un lit inconfortable. Rei se rappela les heures précédentes:

DEBUT DU FLASH BACK:
Rei était enfermée dans sa chambre, allongée sur son lit, sans un seul éclat de vie dans ses pauvres yeux entourés de sernes.
On lui avait encore injectée des médicaments. Elle n'en dormait et mangait plus depuis des semaines.
Ichi riait beaucoup de l'état de la jeune fille.

*Pauvre petite Rei, tu es toute seule...*

Quand soudain des médecins arrivèrent dans sa chambre.
Ils lui mirent une chemise de nuit blanche d'hôpital et l'a soulevèrent pour allait l'attacher sur un lit à roulettes. Puis ils lui bandèrent les yeux sans aucune resistance de la jeune fille.
Un des médecins lui chuchota à l'oreille:

MEDECIN: Ne t'en fais pas...Ont t'enmènent dans un endroit magique et merveilleux...Ils vont bien s'occuper de toi...

Puis des heures plus tard elle était la ou elle se trouve à présent.
FIN DU FLASH BACK

Les médecins arrêtèrent de poussaient le lit.
Rei ne sentait plus aucune présence autour d'elle, ils devaient être parti.
Rei commença à pleurer.
De fines larmes coulèrent à travers son bandeau.

*Pauvre petite chose sans vie...Ils t'ont tous abandonnés...Tes parents...et même tes médecins*

Ichi lui parlait avec un ton sarquastique.
Soudain elle entendit des pas puis plus rien.

Contemplation. Le silence, il avait pour cause la contemplation dans laquelle l'homme qui était arrivé venait de se lancer. D'ailleurs, cette contemplation n'allait pas tarder à exploser, en une colère, une colère de gérant que ces foutus médecins ne portaient pas vraiment dans leur coeur. Tetsurou s'en moquait bien. Il n'avait jamais vraiment aimé les médecins. Et puis, peu importe ce que ces derniers diraient, c'était encore lui le gérant, bordel, et en cela, fait prouvé par la lettre laissée par le médecin Mao Lin avant sa mort, on n'avait rien à lui reprocher. Il prenait encore les décisions! Sauf que là, on en avait pris une sans le consulter, et une décision qui ne lui plaisait pas du tout, mais alors pas du tout. Et puis la colère sortit. Un grand cri derrière, une rage tonnante, pas trop apeurante mais qui soulignait bien le fait que Tetsurou n'était pas content du tout, et qu'il espérait bien être entendu dans cet état de mécontentement.

C'est pas vrai! Qui a fait ça?! Quel est le CON qui a OSÉ faire ça?! Saucissonner une jeune fille à son lit de la sorte... Depuis quand on est aussi inhumains ici? Bande d'enfoirés, si vous me refaites un coup comme ça, je vous jure que je...!

Que je quoi? Les virer? Tetsurou se tut. Une telle menace ne ferait qu'amplifier l'inimitié des médecins, et ce n'était pas vraiment le moment. Le jeune homme se tut donc, et considéra la malheureuse attachée à son lit avec ce regard débordant de compassion qu'il avait parfois pour ses malades. Un tel spectacle lui fendait le coeur, ou plutôt le prenait aux trippes, en les termes que lui-même aurait utilisés.

Oh, putain... Regarde-moi dans quel état ils t'ont mis... Attends, j'vais t'détacher...

Et de défaire les sangles une par une, doucement, il ne fallait pas trop la brusquer, la pauvre, elle avait déjà probablement été assez éprouvée comme ça. Elle s'était peut-être débattue... Elle avait certainement souffert... On lui avait encore posé un bandeau sur les yeux... Un bandeau sur les yeux... Ça avait été noté sur le dossier d'une patiente qui devait arriver effectivement. Une patiente dont tous les problèmes venaient de ses personnalités multiples. On lui mettait ce bandeau pour la calmer ou pour lui cacher des choses... Cacher des choses, plus question de le faire. Ça, fini, Tetsurou en prenait personnellement la résolution. C'était barbare, aussi barbare que le fait de l'attacher à son lit... Et pour un peu, les médecins lui auraient menti sur l'endroit où elle allait... Bien sûr, ces charlatans n'étaient pas du genre à dire "Tu vas dans un endroit affreux ou il fait toujours gris et d'où tu ne pourras plus jamais, jamais sortir"... Ce qui était pourtant plus proche de la vérité... Par contre, l'idée du bandeau pour la calmer, Tetsurou gardait. Ça avait quelque chose de plus pacifique, et là, il voyait réellement une utilité à de telles méthodes. Bon. Pour l'instant, elle avait l'air pour le moins tranquille, alors Tetsurou prit le risque de lui retirer son bandeau, doucement, presque timidement, pour se rendre compte que la zone était humide.

Tu pleures!

Le cri du coeur. Ça avait été dit d'une voix tremblante, alarmée, emprunte d'un sentiment bien réel. Tetsurou se recula, resta silencieux un instant, se recueillit dans ces larmes qu'il venait de sentir, pour finalement se décider à parler de nouveau, doucement. Ne pas brusquer la pauvre patiente qu'on avait déjà conduit assez "de force" comme ça dans cet endroit maudit. Ces foutus médecins... Jamais fichus de faire les choses de façon décente... À croire que les malades étaient des animaux dangereux ou quelque chose comme ça...

Voilà, tu es libre. Tu peux bouger, si tu veux.

Rei sentait un regard sur elle, mais pas un regard méchant. Puis cette personne cria, une voix d'homme d'après elle. Peu être un nouveau médecin? Cet homme calma son ton de voix et commença à la détacher. Puis son bandeau fût enlevé. Elle pouvait enfin voir ou elle était et aussi voir l'homme qui l'avait détaché. Elle regarda autour d'elle. Tout était gris et triste. Les médecins avaient encore menti et pourtant elle le savait bien. Les médecins lui mentaient tout le temps. Peu après elle se tourna vers l'homme ou plutôt le jeune homme qui l'avait détaché. Il avait les yeux et les cheveux noirs avec des lunettes, il n'avait pas l'air méchant. Rei le regardait avec ses yeux sans vies puis baissa les yeux vers ses poignets et chevilles. Elles saignaient. Le sang qui sortait par ses poignets commençait à tacher sa robe d'hôpital blanche et celui qui sortait de ses chevilles gouttait de plus en plus sur le sol gris. Elle ramena son regard vers le jeune homme. De l'eau se forma des ses yeux emplit de sernes et de fines larmes s'en échappèrent pour couler sur les joues du visage livide Rei.

*Regarde ce que tu as fait, tu salis tout, tu es une vilaine fille Rei*

Ichi lui parlait toujours avec sa voix de manipulatrice. Rei mît ses mains ensanglantées sur ses oreilles et pleura de plus en plus.

-Désoler monsieur...J'ai tout salis...Je suis méchante...

Ce fût autour de Aka de parler à Rei avec une voix chaleureuse.

*Mais enfin Rei, n'écoute pas Ichi, elle ne veut que ton malheur...Et regard, cet homme a l'air gentil...*

Rei murmura doucement

-Ichi a raison... Je suis vilaine...J'ai tout salis...

Le visage de Tetsurou continuait de se décomposer. Mais qu'est-ce qu'on avait fait à cette pauvre fille pour qu'elle craigne tout à ce point? Elle saignait maintenant! C'était loin d'être de sa faute, et pourtant elle continuait de s'excuser... Non, ça n'obéissait sûrement pas à l'ordre des choses, ça! C'étaient des paroles d'enfant battu, d'enfant esclave... La faute à ces imbéciles de médecins... Aux parents peut-être... Mais aussi, et Tetsurou le comprit lorsque la jeune patiente prononça le nom d'"Ichi", peut-être bien, aussi, la faute aux autres. Aux autres personnalités. Tetsurou avait une mémoire plutôt équilibrée de ce côté-là, et il ne pouvait se souvenir de tout mais se souvenait de certaines choses ; il avait oublié le nom de cette jeune fille, son âge exact aussi, mais il se souvenait de l'histoire du bandeau, et des personnalités multiples... Fallait-il en déduire qu'en ce moment même une voix dans sa tête lui menait la vie dure? Ce qui était certain, c'était qu'elle avait l'air bien torturée sur le moment, la pauvre, et Tetsurou ne pouvait plus supporter de voir ça.

Oh non... Arrête de pleurer... C'est pas ta faute...

Et faire quoi? Tetsurou était assez partisan des gestes pour rassurer, et il aurait bien serré cette pauvre jeune fille dans ses bras en ce moment même, si les médecins n'attendaient qu'une occasion de ce genre pour lui trouver un défaut de plus. Oh, et merde, qu'ils aillent se faire voir. Après tout, Tetsurou n'avait aucun ordre à recevoir de vautours malfaisants qui attachaient jusqu'au sang des personnes innocentes pour les emmener en prison. Bon sang, ils n'allaient tout de même pas dans un cinq étoiles, alors ils pouvaient tout de même bien les ménager! Surtout qu'à première vue, décidément, cette folle-là n'avait pas l'air d'une folle si dangereuse que ça... Au contraire, elle semblait être sur-réservée, pour s'excuser de choses dont elle n'était même pas coupable... La malheureuse... Tetsurou cracha donc moralement sur ces cons de médecins tout en prenant Rei par les épaules dans un geste encore très réservé, pour l'attirer un peu contre lui, juste histoire qu'elle se calme un peu... Il fallait qu'elle cesse de pleurer... Tu sens, Rei? Il y a de la chaleur humaine près de toi, tu n'es pas si abandonnée que le dit cette voix dans ta tête...

C'est pas ta faute, on va nettoyer tout ça... T'inquiète pas... Arrête de pleurer, t'y es pour rien...

Un silence. Les paroles de Tetsurou étaient prononcées d'une voix la plus douce possible, entrecoupées de silences hésitants, maladroits. Si ce gars-là n'était pas des plus experts en psychanalyse, ou en psychologie des fous, s'il n'avait pas la réserve et le côté sûr de soi des médecins, il était au moins foutrement humain, et était convaincu d'avoir ça pour lui... Ici, l'humanité commandait à sa voix toutes les traces de l'émotion, et s'il était un peu moins fort que ça peut-être qu'il se serait mis à pleurer lui aussi... Mais non... Ça ne sert à rien de pleurer aussi quand quelqu'un pleure pour une faute qu'il ou elle n'a pas commise... Il faut calmer la personne... La convaincre qu'elle n'y est pour rien, et Dieu ce que cette patiente n'y était décidément pour rien, la conduire à l'hôpital de cette façon, fallait-il être plus fou que les fous qui vivaient ici...

Chht... Calme-toi. Je comprends que ça puisse faire peur... Ils ont pas dû être très tendres avec toi, pas vrai? T'attacher comme ça...

Court silence. On ressentait aussi de la colère dans la voix du gérant. Colère contre l'inhumanité de certains humains qui l'entouraient. Aucune once de sensibilité, c'est comme ça dans le métier... Paraît-il... Mais comment un médecin peut-il se venter de sauver des vies s'il n'a aucune considération pour la Vie? C'est tout bonnement illogique, et ça mettait Tetsurou dans tous ses états.

Ils t'ont fait saigner, hein? Les salauds... On va te soigner tout ça, tu vas voir... Ça va aller...

Rei leva ses yeux de malade vers le garçon. Elle sécha ses larmes mais baissa les yeux ensuite.

-Ils m'attachent pas pour...me faire du mal...Il me disent que c'est...pour mon bien...

Aka se mît à lui parler pour donner du courage à Rei.

*Aller Rei, il faut que tu lui parle, il est gentil lui, dit lui ce qui t'arrive*

Rei parlait maintenant avec une voix tremblante.

-Je...ils m'attachent pour pas...que je...me fasse...du mal...

Elle tendit une lettre au garçon.

-Voici une lettre de mes...médecins...

Voici le texte que renfermée cette lettre:
Monsieur OUSAMU, voici notre patiente Rei KURAN, 17 ans
Elle a deux personnalitées multiples: ICHI, qui la manipule et lui dit de méchante chose sur elle
AKA, qui la réconforte
Elle écoute plus ICHI car elle a un mental instable, elle peut sombrer dans la folie pur à n'importe quels moment.
Faite aussi très attention, nous l'avons attachée car elle est suicidaire à cause de son enfance et de cette ICHI
Cordialement.

Puis Rei regarda le garçon.

-Euh...Excusez-moi...Je ne me suis pas présentée...Je suis Rei KURAN.

Mmh... Je vois... Rei KURAN, hmm?

Tetsurou répétait le nom parce qu'il aurait à le retenir, mais ce qui attirait encore davantage son attention, c'était bien ce nom, Ichi. C'était celui-là qu'elle avait prononcé un peu plus tôt, non? Tout s'expliquait... Les autres personnalités de Rei avaient des noms, et l'une d'elle était bien la cause du comportement de la malheureuse malade...

Ichi...

Et puis le gérant pinça les lèvres en se penchant sur la suite. Suicidaire, hmm? Ah, vu comme ça, effectivement, on pouvait comprendre que les médecins aient essayé d'employer des moyens un peu plus... Radicaux... Mais pas comme ça, tout de même! Tetsurou lâcha un souffle en l'air, emprunt de mépris.

Tch... "Pour ton bien"? Et te lier les poignets et les chevilles jusqu'au sang, c'est "pour ton bien" aussi, peut-être? Non, franchement, y a des moyens moins radicaux pour faire ça... M'enfin, c'est pas de mon ressort, on me dira.

Ah, il parlait tout de même avec plus de réserve après la lecture de cette lettre... Parce que les médecins avaient donné une raison à leur conduite, et aussi parce qu'il ne devait tout de même pas oublier que les fous ici étaient bien des fous... Pour avoir été interné dans cet hosto en tant que fou alors qu'il ne l'était pas, Tetsurou avait toujours appréhendé le fait de coller des étiquettes "sain d'esprit" ou "malade mental" sur les gens, mais il fallait tout de même nuancer parfois. Si cette demoiselle était morte pendant le trajet, il aurait sans doute moins fait le malin... Tetsurou lâcha malgré tout un semblant de sourire.

Enfin, maintenant que tu es ici, ça n'arrivera plus, ça, je peux te le jurer. Pas question que tu te fasses encore mal de la sorte... Pour le reste aussi, on s'en occupe.

Le semblant de sourire se transforma en une espèce de rictus ironique. Pas à l'égard de Rei, loin de là, mais à l'égard de cet endroit affreux. Le gérant souffla de l'air par son gros nez.

C'est loin d'être comme la vraie vie, ici, mais au moins, ce que je peux te promettre, c'est qu'on s'occupera bien de toi. Tu peux me faire confiance.

Et puis le rictus devint un vrai sourire. Un vrai sourire bienveillant à l'égard de la nouvelle venue. Tetsurou ne garda pas ce sourire bien longtemps ; ce n'était pas trop son genre, et puis il y avait d'autres problèmes à régler. Oui, à présent que Rei était arrivée, c'était à lui, et aux quelques autres personnes qui se trouvaient dans cet hôpital, de s'occuper d'elle. Et donc, de prendre aussi en charge cette fameuse Ichi, ainsi que les tentatives de suicide potentielles de la jeune fille. Ça n'allait pas être une mince affaire ; mais personne dans cet hôpital ne représentait une mince affaire, et Tetsurou s'étant engagé envers le docteur Mao Lin, même si ça lui fichait parfois un peu la trouille, il devait tenir bon. Après tout, ce n'était pas réellement de la faute de Rei tout ça...

Moi, c'est Tetsurou. Ousamu Tetsurou. On devrait se croiser assez souvent ici... Disons, en quelque sorte, que je suis ton nouveau responsable légal, en espérant que tu voudras bien m'accepter comme tel.

Rei eu soudain un mal de tête atroce. Ca y est, Ichi voulait se magnifester mais Rei ne voulait pas. Mais, comme Rei était trop faible mentalement Ichi arrivait toujours à prendre le dessus. Rei tremblait comme une feuille, elle avait mal dans la pointrine et dans la tête.
Soudain sa tête partie en avant et son visage livide devint un peu plus clair. Ichi était apparût. Elle eut un sourire sadique bien méchant.

-Bonjour, alors c'est vous le nouveau médecin qui donne pleins d'espoir à cette idiote de Rei?
Je tiens à vous dire que Rei est faible, elle m'écoute facilement, c'est moi qui l'ais manipulée pour qu'elle se suicide à plusieurs reprises, et puis c'est tellement plaisant de la voir souffrir... La voir enfermée dans sa chambre ou il y avait juste un lit et ou on lui injectait des médicaments qui l'a rendait presque comme une poupée vivante. Je regrette cette époque car je sais qu'ici ça ne sera pas la même chose...Dommage.

Elle eut un petit rire puis planta les longs ongles de Rei dans les bléssures faites par les sangles.

*Non ichi s'il te plait...arrête...laisse moi revenir...!!!!!!!!!!!!!!!!!!!*

-La pauvre elle pleure

Ichi décida de partir. Rei revint et des larmes coulèrent à nouveau sur ses joues.

Tout s'était passé très vite. Mais qu'est-ce qui s'était passé d'ailleurs? Rei avait changé très soudainement de discours, de façon de se comporter aussi. Elle ne pleurait plus, elle souriait, elle se moquait de Tetsurou, elle se moquait de Rei... Oui, exactement, Rei se moquait de Rei, car Rei n'était plus elle-même. Rei se moquait de Rei, Rei parlait du passé de Rei et regrettait que le futur de Rei ne lui promette pas autant d'amusement personnel que son passé, et pour finir Rei blessait Rei en enfonçant ses ongles dans les plaies... Aucun doute, Rei n'était déjà plus Rei, et heureusement pour Tetsurou qu'il avait à présent bien en tête la pathologie qui frappait cette patiente, puisqu'à présent il pouvait bien supposer ce qui s'était passé...

Salut... Ichi, hein?

Me... Merde! Ça va aller?

C'était malin. Voilà que Rei pleurait encore, et qu'elle souffrait encore plus. Comme si le traitement infligé par les médecins n'avait pas suffi, si la personne qui venait de parler à Tetsurou par la bouche de Rei était bien Ichi comme il pouvait le penser, elle avait l'air de bien s'amuser d'ailleurs du fait que Rei souffre. Après tout, ça irait bien avec la description qu'on avait faite d'elle, dans la lettre des médicos, non? À présent, Tetsurou se trouvait déjà bien moins à l'aise, et tentait de prévenir de l'hémorragie en plaçant un bout de drap sur les plaies, avec des gestes maladroit. C'était donc de ça qu'elle était capable... Mince, ce n'était pas prévu... Enfin, rien n'était prévu mais...

Oh, merde, qu'est-ce que ça doit faire mal... C... C'était Ichi, pas vrai?

Rien n'était encore certain. Tetsurou plissa le nez. Tout ce sang dans lequel venaient de s'enfoncer des ongles... Les ongles de la blessée elle-même... Le jeune homme avait beau avoir le coeur bien accroché force d'expérience, ça ne lui plaisait pas, ça, pas du tout. D'ailleurs il avait un peu perdu son calme. Cette intervention d'on-ne-sait-quelle personnalité de Rei l'avait bien refroidi... Il serait donc impuissant à un tel niveau, pas vrai? Merde, merde de merde, même...

D'acc-ccord... Ça va vraiment pas être simple...

Après un bon moment de gestes aussi furtifs qu'inutiles, Tetsurou respira un bon coup et passa au pas de course derrière le lit d'hôpital de Rei. Il s'empara alors du bord, prêt à pousser. Un peu de sang-froid... C'était inquiétant, d'accord, mais il y avait plus urgent que le fait de se morfondre sur les difficultés du cas... C'est ta vie, Tetsurou, il faudra t'y habituer... Bon. Du sang-froid alors. Un peu d'empressement aussi, mais le binoclard ne pouvait pas s'en empêcher.

Bon. Toi, tu restes là-dessus. Le plus important, c'est de mettre quelque chose sur ces plaies. On verra le reste après.

Rei s'allongea sur le lit docilement avec les yeux vides. Elle était épuisée, elle n'en pouvait plus de tout cela. D'ici, des médecins, des médicaments, d'Ichi, de tout.

-Vous savez monsieur...Pas la peine de paniquer pour de si infimes blessures...Celles-ci vont se refermer... Mais pas d'autres...

Elle réfléchit pendant quelques secondes en silence. Elle serra un bout de drap entre ses mains.

-Pourquoi suis-je née si les gens qui m'ont mît au monde me rejettent...

Rei était seule et malheureuse depuis sa naissance. Seule car elle n'a jamais était plus de 10 minutes avec ses parents, à sa naissance la mère et la fille avaient des chambres séparées, à la sortie de l'hôpital la fille a était confiée à une gouvernante jusqu'a ses 10 ans et de ses 10 à 17 ans elle fût confiée à des médecins. Même si Rei avait "tout", intèrieurement elle n'avait ''rien'', car tout ce qu'elle avait était payer.

Voilà qu'à présent ils étaient partis à arpenter les couloirs. Lui poussant le lit et regardant droit devant lui, encore sous le choc de ce qui venait de se passer avant, elle parlant de blessures qui ne se refermeraient jamais. Puis des gens qui l'avaient mise au monde. Évidemment... Énervement de Tetsurou. Encore les parents? Toujours les parents? Décidément ils étaient la seul cause du malheur de tous les enfants de la terre, pas vrai?

Tu sais quoi? T'es bien tombée. Pour moi c'est pareil, et c'est pareil pour la quasi-totalité des gens ici. Ça semble être une loi universelle... Les parents sont des enfoirés. Des enfoirés de première.

Le tout dit sur un ton rageur, par ce gars rageur marchant d'un pas rageur. Il n'aimait pas cet hôpital, c'était vrai. Mais il aimait encore moins ses parents, ses parents qui l'avaient conduit dans cet horrible endroit pour se débarrasser de lui, et qui en plus avaient eu le culot de revenir le chercher après, simplement une fois qu'il avait été déclaré comme sain d'esprit. Pas un peu timbrés, non? Plutôt rester avec les fous qu'avec des traîtres. Depuis ces jours-là, Tetsurou voyait tous les parents du monde comme des traîtres, des êtres infâmes prêts à sacrifier sans aucun scrupule le bonheur, peut-être même la vie de leurs enfants à leur propre bonheur. Combien de malades arrivaient ici envoyés par leurs parents, parce qu'ils étaient une gêne, parce qu'on ne pouvait plus les tenir, ce genre d'excuses alors que c'était deux fois sur trois la faute des parents eux-mêmes, si leur gosse était comme ça?

Tes parents t'ont abandonnée, pas vrai? Comme nous tous en fait... Mais t'inquiète pas, on est tous dans le même bain, donc entre affligés on a intérêt à se serrer les coudes!

Tetsurou avançait toujours de son pas furieux, et c'était un miracle s'il ne cognait pas les murs de l'hôpital avec le lit. Mais non. Ne pas secouer la pauvre jeune fille. Il en prenait soin et garde tout de même. Mais bon, Tetsurou avait réussi à s'énerver. Ce n'est pas bien difficile, surtout quand on parle de parents... Ça faisait toujours monter en lui une rancoeur et un mépris extrême qu'il faisait passer dans de la colère, en pestant un bon coup, salaud de Papa, salope de Maman...

Ouais, tous des enfoirés... Moi, chuis peut-être dans un cas un peu extrême, mais je déteste tous les parents du monde, et c'est pas de la blague. Je sais pas si tu t'imagines le nombre de patients qui nous viennent ici grâce aux bonnes grâces de papa-maman. C'est immonde, carrément immonde.

Rei baissa les yeux qui commençaient à devenir de plus en plus vitreux.

-Vous avez peut être raison...Et puis pour les miens je ne suis qu'un "objet" qui vit que pour leurs bon plaisir... Je ne suis jamais restée en leurs compagnie plus de 10 minutes et je n'ais jamais rencontrée leurs amis ou ma famille...

Ichi riait sadiquement.

*Tu es seule depuis ta naissance, ne t'imagine pas que quelqu'un puisse te comprendre ou te sauver, ton monde n'est que ténèbre...*

Rei commença à trembler doucement. Ses yeux devenèrent de plus en plus vitreux jusqu'a avoir plus un seul petit éclat de vie et son visage devenut malade, blanchatre, livide et inexpressif. Elle n'avait plus de force, son corps avachit de plus en plus sur ce lit inconfortable.
Ichi commença à lui parler doucement, comme si elle parlait à une poupée de cristale qui pouvait se brisser à tout moment pour mieux la manipuler.

*Oui...C'est ça...Abandonne-toi à la servitude...Obéit moi bien docilement ma petite...*

Tiens... Étrange. Elle ne disait plus rien. Tetsurou ralentit un peu le pas sans s'arrêter malgré tout, et avança la tête au-dessus du visage de Rei. Grimace apeurée. Son regard était tellement inexpressif, si encore elle avait un regard... Elle était de plus en plus pâle, et elle semblait sans vie... Était-ce parce qu'elle avait perdu déjà trop de sang, ou à cause d'autre chose...?

Merde... Je crains le pire...

Eh... Ça va? Eh! Ça va?

Qu'est-ce qui était en train de se passer dans sa tête? Si ça se trouve, rien... Le noir... Mais dans un autre genre de cas... Et si c'était encore cette deuxième personnalité qui faisait des siennes? Tetsurou déglutit. Garder son sang-froid avec une patiente pareille, ça commençait à devenir difficile...

Dis quelque chose si ça va! Parle! Parle, ça va te tenir en conscience... ...Merde...

Ces termes de "tenir en conscience" pouvaient effectivement avoir deux sens. Que Rei tombe dans les pommes ou se retrouve à nouveau dans un état second, ça reviendrait au même, elle serait en état d'inconscience... De toutes façons Tetsurou devrait agir et gérer, mais... Oh, bon sang! Pourvu qu'elle se décide à parler! Ça commençait à inquiéter sérieusement le gérant. Et le plus moche, c'était que peut-être un manque de sang ne serait pas pire que l'intervention de cette autre personnalité démoniaque... Parce que dans l'un des cas il saurait quoi faire, dans l'autre non... Peut-être que le bandeau...? Allez savoir... Il faudrait essayer le cas échéant, mais pour le moment... Pour le moment...

Mmf... En tout cas, elle est trop faible... Ça va pas... Allez, dis quelque chose, je t'en prie...

Rei ne réagissait pas, elle était comme inconciente, enfin elle était plutôt entre deux mondes. Elle la concience et l'inconcience. Son esprit planait totalement. Elle n'entendait plus les paroles de Tetsurou, elle ne pouvait même plus parler. Elle était comme dans un coma, mais bizarrement ses poignets et chevilles avaient arrêtés de saigner. Elle était complètement soumisse aux paroles de Ichi.

*Oui c'est bien...Abandonne tout espoir de vivre et reste la...n'écoute que moi...ne reprends pas concience*

Ses bras glissèrent sur le côté à cause de non-contrôle de son corps

Eh... Eh!

Pas un mot. Exactement ce qui était à craindre. Rei ne réagissait pas. Et au contraire, ses bras avait glissé sur le côté. Elle ne saignait plus, peut-être parce qu'elle ne bougeait plus tout simplement... Mais est-ce que ce n'était pas pire?

EH! Eh ho... Allez, dis quelque chose!

Tetsurou accéléra le pas. Ça devenait vraiment inquiétant, là... Marmonnant toutes sortes de grossièretés entre ses dents comme pour se défouler, il finit par tomber sur la bonne porte, celle qu'il cherchait, l'ouvrit en grand, laissa Rei en plein milieu du couloir, il y avait du matériel médical là-dedans, désinfecter ces foutues plaies, histoire de faire quelque chose, faire quelque chose, ne pas rester planté là, on aviserait après pour le reste... La porte qui s'ouvrait en grand fracas, le lit qui s'arrêtait, Tetsurou qui se précipitait dans la pièce pour chercher fébrilement... Même si ça ne servait à rien, faire quelque chose, il ne pouvait pas la laisser là avec des plaies béantes qui risquaient de s'infecter, si ça se trouve c'était juste ça, juste un manque de sang, ça passerait avec du repos... Avec un peu de chance... Par pitié, qu'on ne lui laisse pas une morte ou une comateuse sur les bras tout de même!

Oh pu... Oh bordel...

Le désinfectant. Le sparadrap. Tout ça sur les bras, Tetsurou ressortit en trombe, claqua la porte d'un coup de pied dans son dos, se précipita à nouveau vers une Rei sans vie pour se pencher sur elle, et commencer à travailler sur les plaies. Un coup de désinfectant avec du coton. Dooouuucement, Tetsurou, calme-toi, tu pourrais aggraver son cas si tu fais les choses trop vite... Du sang-froid...

Je t'en ficherais, moi, du sang froid!

Et d'enrouler les bandes de gaze autour des poignets, des chevilles, vite, vite, comme s'il y avait le feu, comme si des milliers de serpents venimeux allaient soudain jaillir des plaies pour tuer tout le monde dehors... Enrouler vite... Et Tetsurou continuait de jurer en rythme...

Oooh bordel de bordel de bordel...

Dans son inconcient Rei était comme hypnotisée par Ichi.

*Je sais que Ichi a raison...*

En vérité, Ichi avait tort.

*Ecoute-moi bien ma petite Rei. Tu sais bien que j'ai raison, alors quand tu vas reprendre concience tu devras m'obéir. Si je te dis quelque chose, fais le, et si je te défant de faire quelque chose obéit.*

*Je t'obéirais Ichi...*

Ichi parlait maintenant avec une voix manipulatrice et réconfortante pour rassurer Rei.

*Bien ma petite...maintenant je t'autorise à redevenir conciente*

Soudainemant les yeux de Rei retrouvèrent petit à petit un éclat de vie.
Sa respiration reprit doucement un rythme normal.
Elle tourna la tête vers Tetsurou.

-Monsieur Ousamu...pourquoi êtes-vous...nerveux comme cela...?

Silence pendant un instant... Les mots restaient tout bonnement bloqués dans la gorge de Tetsurou. Il était... Comme disent les anglais, "astonished", et ça veut dire ce que ça veut dire. Sans voix, justement, et incapable du moindre geste, comme foudroyé encore par un nouvel évènement. Dieu merci, elle parlait, elle n'était pas morte, elle était vivante, et elle avait l'air en bon état. —Enfin, si Tetsurou savait... Mais il ne savait pas.— Et puis, elle lui demandait pourquoi il était nerveux comme ça. Oh, bon sang...!

Mais... Mais tu me demandes ça...! Mais... Mais enfin, tu étais... Pu... Putain!

Tu jures trop, Tetsurou. Ce n'est pas bien. Mais quand les mots manquaient, ce gars-là, qui affectionnait les jurons, avait parfois besoin de ça pour se redonner une contenance, ou relancer son discours. En effet, Tetsurou retrouvait tant bien que mal l'usage de la parole, et ce n'étaient que monosyllabes, mots entrecoupés de respiration, mais j'en crois pas mes yeux, mais j'en crois pas mes oreilles, mais c'est fou, mais quelle question elle me pose, là! Mais enfin elle était vivante, et cette dernière pensée arracha un énorme soupir de soulagement au gérant qui laissa sa tête partir un peu en arrière, puis en avant. Ah, ça l'avait calmé, tiens. C'était comme s'il avait relâché, évacué tout le stress des évènements précédents dans ce soupir. C'est pourtant vrai, qu'une bonne grande respiration ça calme...

Tu n'as rien... Oh, bon sang, tu n'as rien, qu'est-ce que j'ai eu peur...

Tetsurou prit un court instant pour regarder la petite poupée de porcelaine si fragile qui venait de reprendre vie. Il ne pouvait s'empêcher de sourire tout en la regardant. Quel soulagement, décidément, quel soulagement... Et quelle peur il avait eue... Si elle était morte... Si elle avait perdu trop de sang, si cette Ichi faisait encore des siennes... En vérité, c'était bien ce dernier cas qui était en train de se passer, mais si détourné, si caché derrière, on ne peut pas savoir à quoi s'attendre, et Tetsurou ne savait pas non plus ce qui l'attendait, pauvre innocent qu'il était... Lui qui se repaissait alors de tout son soulagement...

Tu es restée inconsciente pendant un instant, j'ai cru que t'avais perdu connaissance... Non, j'ai presque cru que t'étais morte... Grâce au ciel, t'as rien. 'Faut vraiment que j'apprenne à garder mon calme...

À présent, le nouveau gérant riait, il riait à la fois parce qu'il était bien rassuré, et il riait de lui-même. Quel manque de sang-froid, de maîtrise de soi... Il aurait dû s'en douter, c'était un hôpital psychiatrique ici, il ne fallait sous aucun prétexte se laisser surprendre par les circonstances ou paniquer... Pas le gérant! Sûr que le docteur Mao Lin, lui, il n'aurait pas paniqué dans une situation pareille... Non, il aurait fait avec...

Ooh, oui, j'ai encore de la marge. Encore beaucoup à apprendre...

Rei baissa les yeux. Ichi avait toujours le même ton, sarquastique et manipulatrice. Il n'y a pas à dire, cette Ichi est vraiment le mal incarné.
Elle regarda autour d'elle. Tetsurou était là, il parlait à lui même mais à haute voix. Il devait mieux garder son sang froid. Elle regarda ensuite le couloir. Un long couloir gris-blanc, qui n'en finit pas. Comme si il n'avait jamais de bout. Allait-elle trouver le bout de ce couloir, ou allait-elle rester là à jamais dans une chambre aussi triste que ce couloir? Elle le savait, même si Ichi partait et que elle n'était plus déclarée folle et instable mentalement, ses parents ne la reprendrons pas. Car pour eux, Rei n'était juste un objet. Elle regarda ensuite sa robe d'hôpital blanche. Elle était toute tachée de sang.

*Ohh...Pauvre petite Rei... Ta robe est toute sale...C'est dommage ma petite chose chérie*

Ichi avait parlait d'un ton manipulatrice et Rei chuchota doucement.

-Mince...ma robe est toute sale...

Puis elle regarda Tetsurou et lui souri doucement.

-Excusez-moi de vous avoir fait peur monsieur. Ousamu.



(HJ: dis-moi, il faudrait peut être que Tetsurou fasse entrer Rei dans son bureau,non?)

HJ : Mmh, mmh!^^ Maintenant que tout ça est réglé, j'y viens.



Aah... Non, c'est rien...

Tetsurou en était encore à haleter, à pousser des soupirs de soulagement. Tout allait bien, tout était arrangé, plus de peur que de mal... Rei souriait, elle s'inquiétait de l'état de sa robe, et ça finissait par faire sourire Tetsurou aussi, qui repoussa les mèches de cheveux en pétard qui lui barraient le front, en se massant la tempe, du geste de quelqu'un qui s'éponge le front avec un mouchoir pour se remettre de ses émotions...

...C'est plutôt à moi de m'excuser, j'ai perdu mon calme. Heheh...

Le gérant prit une petite respiration avant d'empoigner à nouveau le bord du lit pour se mettre à le pousser dans l'autre sens. Il ne prit pas la peine de demander à la patiente si elle pouvait marcher à présent, de toutes façons il faudrait déplacer ce lit, alors...

Bon... On va passer aux choses sérieuses, maintenant, d'accord?

On arpenta un peu le couloir. Tetsurou tentait de réagir de manière correcte, à présent que les choses s'étaient arrangées, du moins le croyait-il...

Il faudra surveiller ces plaies, d'accord? Tu les montreras à quelqu'un du personnel régulièrement. Chuis vraiment désolé que tu te sois retrouvée dans cet état, tu sais... Ça arrivera plus, ici. Du moins on fera attention. On te lâchera pas, c'est vrai, mais c'est pas une raison pour t'attacher comme ça... (Court silence. On avançait encore dans le couloir, à un rythme bien plus calme que tout à l'heure.) Je vais te passer une autre robe, aussi, après, si tu veux te changer... Mais les formalités d'abord, ne faisons pas traîner tout ça plus longtemps, tu veux bien?

Et puis le lit avait fini par s'arrêter. Tetsurou croisa les bras et passa de l'autre côté en le contournant, avec un sourire plutôt amical, tout en parlant, pour se retrouver face à la jeune fille qui était toujours installée sur ce matelas inconfortable... Bon, il parla alors de manière plutôt familière, mais après tout Rei allait à présent faire partie de la grande famille de l'hôpital, la famille des rejetés qui allaient devoir se serrer les coudes, alors tant pis, autant qu'elle s'habitue tout de suite... Et puis pour le moment, on avait du pain sur la planche et une inscription à valider. De la menue monnaie par rapport à ce qui venait d'arriver, mais c'était tant mieux...

Et voilà, princesse, on est arrivés! Tu penses que tu peux marcher, maintenant, ou bien il va falloir que je fasse entrer ce lit dans le bureau aussi?

En entendant les paroles de Tetsurou, Rei versa une larme de joie. C'était la première fois dans sa pitoyable et triste vie que quelqu'un lui parlait avec gentillesse, amitié et amour... On l'avait toujours ignorée jusqu'a maintenant. Elle regarda Tetsurou dans les yeux pendant que sa larme perlait sur sa joue pâle. Puis elle rougit doucement en souriant. Mais Ichi lui fît arrêter son élant de joie.

*Allons mapetite Rei...n'écoute pas cet homme, il te ment, tu dois m'écouter, je suis ta seule vraie amie...*

Rei baissa les yeux. Elle le savait, Ichi avait toujours raison maintenant.

*Oui Ichi.*

-Ne vous inquiètait pas...Je peux marcher.

Elle descendit doucement de ce lit inconfortable et marcha doucement vers la porte du bureau.

...

Oui, aussi étrange que cela puisse paraître, le silence était de rigueur. Le comportement immédiat de Rei avait un peu surpris Tetsurou. La jeune fille l'avait regardé droit dans les yeux, et elle avait laissé échapper une larme... Une larme qui ne devait pas être si douloureuse que ça, puisqu'elle souriait... Tetsurou se sentit légèrement embarrassé ; c'était de la reconnaissance, ça? Oh oui, et une belle reconnaissance bien touchante sur un joli visage apaisé... Reconnaissance qu'il ne méritait pas forcément... Pourtant il se refusait à baisser les yeux ; Rei lui épargna l'effort au bout d'un moment, semblant alors reprendre pour elle tout ce qu'elle avait semblé exprimer jusqu'à présent. Ah, un petit moment d'illusion de confiance passée. Évidemment... Tetsurou baissa la tête lui aussi, avec un semblant de sourire gêné, emprunt d'un certain cynisme envers lui-même. Non, il n'était pas déçu, non, nooon... Après tout, c'était normal qu'elle ne croie pas en lui. Cette jeune fille ne devait avoir eu l'occasion de croire en personne dans sa pauvre vie. Ses parents, ses médecins menteurs, elle-même avec ses autres personnalités... À qui se fier? Sûrement pas à un étranger sale qui passe son temps à fumer et à jurer, pas vrai? Bah, d'autant qu'il était sans doute un minimum digne d'un réel mépris, le Tetsurou. Après tout... Quoiqu'il aime réellement les malades et qu'il prenne soin d'eux de toute son âme, il ne travaillait pas gratuitement... Bien sûr, cet argent sale que représentaient les revenus de cette entreprise non déclarés ne servait qu'à acheter à manger aux malades, à acheter de quoi entretenir les locaux, c'était cet argent qui avait payé la télé et la radio... Mais il se faisait tout de même du fric à accueillir les mouflets des snobs qui n'en voulaient plus et s'en débarrassaient comme de vieilles chaussettes...

Pas très propre, tout ça, hein, Tetsurou?

Le jeune homme cracha de l'air. Non, c'était même carrément dégueulasse... Pas étonnant que Rei baisse les yeux devant lui, après tout. Elle venait d'arriver, on n'accordait pas sa confiance aux gens aussi facilement... Bien que persuadé de cela, ce fut avec un goût amer et froid dans la bouche que Tetsurou ouvrit la porte du bureau. Très vite, il alla reposer son dos voûté sur une chaise inconfortable, encerclée de piles de dossiers et de papiers en tous genres, invitant Rei à s'installer sur la chaise d'en face. Depuis que Tetsurou avait repris le flambeau, ces bureaux étaient un véritable foutoir... Un foutoir avec de temps en temps, sur les murs, des cadres qui renfermaient des papillons aux ailes déployées. Un peu de couleur dans le gris. Le binoclard se pencha sur ses piles et prit un petit moment pour retrouver le fameux dossier de ladite Rei Kuran, pour finalement dégager quelques feuilles reliées grossièrement par un trombone, qu'il tapota aux bords pour les réunir un peu mieux... Il redressa ses lunettes, les enleva en se rendant compte qu'elles étaient sales, les essuya avec son pull, les remit, elles avaient l'air aussi sales qu'avant, mais tant pis, et enfin il se mit à la lecture :

Alors, voyons ça... Rei Kuran... N°160... (Rictus amer.) Ouaich... Comme d'habitude, y a toujours un peu de la patte de Papa-Maman... Bon... Personnalités multiples —j'ai vu merci ; faiblesse due aux médocs —merci les médecins ; risques de suicide —à surveiller... Bon, c'est pas très gai tout ça...

Le gérant releva les yeux vers Rei en face de lui et s'apitoya encore un court instant. Il venait de relire le chapitre sur Ichi et Aka, et sur ce que ça imposait que d'avoir plusieurs personnalités...

Ma pauvre... Tout ça veut dire que t'agis jamais vraiment comme tu le veux...

Gros soupir. Dur, dur, de souffrir de troubles mentaux... Tetsurou parcourut un instant le reste du document. Tentatives de suicide diverses répertoriées ; grimace du gérant... Et puis cette histoire de bandeau... À retenir aussi, on ne savait jamais, ça pouvait peut-être servir malgré tout, en cas extrême... Pour la calmer et seulement, uniquement pour la calmer... Dans un nouveau soupir, un peu plus court, Tetsurou déglutit et reposa le dossier à plat sur le bureau.

Eh bien, j'aurai de la lecture à faire sur toi, alors... Bon, tu sais déjà qui je suis, pas besoin de te le répéter, apparemment t'as bien retenu mon nom. (Court sourire qui ne dura pas.) Ta chambre est prête, il ne restera plus qu'à t'y installer, je suppose que ces charognards de médecins y ont déjà apporté tes bagages... On te montrera aussi où se trouve le réfectoire, la salle de bains, et la salle des divertissements. Il y a une cour au centre ; c'est le seul endroit où on a le droit de sortir, mais tu peux y sortir quand tu veux. Il y a aussi un marais pas loin de l'hôpital mais interdiction d'y aller ; il te faut pour ça au moins une permission, et puis, on y organise des sorties de temps en temps. Il ne faut pas prendre de risque. Si tu as des questions... N'hésite pas. N'importe qui qui se trouve ici depuis un bout de temps, que ce soit un pensionnaire ou quelqu'un du personnel, pourra te répondre. Si tu as un problème et que tu veux en parler tu peux venir me voir. Il ne sera pas dit que je laisserai tomber des gens qu'on a déjà laisser tomber tant de fois... D'accord?

Pendant que Tetsurou parlait Rei avait tout le temps les yeux baissés. Cet endroit l'a mettait mal à l'aise. Tout était gris. Et puis quand Tetsurou lisait son dossier, il rajoutait quelques petites choses à faire pour chacuns des problèmes. Mais ça Rei le savait, c'était un médecin, normal, les médecins font toujours ça. Mais quand il parla de cour au centre et qu'elle pouvait y aller quand elle voulait elle souria.

-C'est vrai? On peut y aller n'importe quand dans la cour? Même la nuit?

Rei joinît ses mains et les rapprocha de son visage comme si elle priait.
Puis elle respira un peu l'air de l'hôpital, il n'y avait pas vraiment d'odeurs de médicaments.

-J'aime y aller la nuit pour sentir l'odeur du dehors et voir la lune...
Mais avant, je n'avais pas le droit de sortir de ma chambre...

Rei baissa les yeux mais les releva bien vite vers les papillions accrochés aux murs puis elle sourit

-Qu'ils sont beaux...

Tetsurou eut un sourire empathique face à la joie immédiate de Rei face à cette nouvelle. Seulement les choses n'étaient pas si simples que ça... Perdant son sourire un instant plus tard pour tenter de se donner l'air le plus sérieux possible, il se racla la gorge, avant de considérer la jeune fille pour lui parler le plus sincèrement possible.

Oui, bon... Je vais être franc avec toi, c'est pas si facile... D'abord, le dehors ici, ça n'a pas d'odeur, ou alors ça pue le gris, le béton comme partout ici... Et puis la lune, on n'a de chances de la voir qu'à une certaine heure de la nuit, comme la cour est entourée de murs... Pour son lever et son coucher, ce sera par les fenêtres ou par le balcon.

Le jeune homme déglutit et baissa les yeux. Il se sentait un peu bête, un peu honteux de casser la bonne nouvelle que c'était de pouvoir sortir, mais il fallait bien être honnête. Elle en avait bien besoin, cette petite, parce qu'elle devait avoir droit à des mensonges à foison depuis sa naissance... Les parents... Les médecins, surtout... Et puis cette Ichi... Enfin bref, un peu de vérité ne ferait sans doute pas de mal.

Quant au fait de sortir de nuit... C'est possible, bien sûr, mais je te promets qu'on t'aura à l'oeil, j'y veille personnellement. Je te lâcherai pas, pas dans un endroit à une heure où personne ne peut te voir ni t'entendre... 'Manquerait plus qu'Ichi fasse des siennes et que tu nous fasses une tentative de pendaison à l'arbre de la cour. Excuse ma façon de parler, mais 'faut dire les choses telles qu'elles sont.

Non, même si Tetsurou aimait réellement ses malades, il ne s'agissait pas de tout laisser passer. Tant que ces patients ou patientes étaient plus jeunes que lui, c'étaient presque comme si c'étaient des enfants, ou des frères et soeurs. Ça imposait de la responsabilité, des règles, et comme les malades mentaux n'aiment pas trop les règles, une intense surveillance, sorte de pouvoir exécutif en plus léger. Et puis, on ne rigolait pas avec une suicidaire... Bon. Au moins, sur ce point, Tetsurou aurait été clair. Un peu trop direct peut-être, mais au moins clair. Mais voilà que Rei parlait d'autre chose... Elle parlait des papillons sur les murs. Elle les trouvait beaux... Tetsurou souriait déjà depuis un bout de temps en considérant ces belles fleurs qui volent épinglées à leur mur. Les papillons, c'est l'amour de sa vie... Normal que ça le fasse sourire à chaque fois.

Ah, n'est-ce pas? Collection personnelle. Ce sont mes petits amours à moi. Une sorte de folie de luxe... Tu sais que c'est un peu à cause de ça qu'on m'avait envoyé ici, à l'origine?

Tournure idiote, réalisa Tetsurou l'instant d'après. Bien sûr que non, elle ne savait pas. Mais maintenant si, puisqu'il venait de lui apprendre. Sans trop rentrer dans les détails, pas besoin d'en faire une autobiographie non plus. Tetsurou était content que quelqu'un trouve ses papillons beaux, voilà tout. Après tout, c'était ce qu'il aimait le plus au monde, ou au moins l'une des choses auxquelles il tenait le plus. Cette grâce naturelle, ce petit miracle de la nature qui de son vivant venait le narguer de temps en temps dans les grands espaces... Un truc qui le faisait parfois disparaître pendant des jours, ou du moins qui l'avait fait disparaître, dans le temps. Le jeune homme rigola à cette pensée, un petit rire personnel. Décidément il les aimait, ses sacrés papillons...

Rei baissa les yeux. Elle le savait bien, maintenant ça ne sera pas plus différent qu'avant. Surveillée vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Et bien sur enfermée dans un espace bien plus grand qu'avant mais sans jamais la possibilité de sortir. Sa vie se contitue que de gris et de tristesse rien ne va changer, jamais. Elle sera toujours seule et entourée de médecins.
Elle se mît à chuchoter quelques mots que Tetsurou entendit.

-Merci mère...merci père...sans vous je ne serais jamais devenu folle...je ne vois que cette lune si belle et si libre qu'attravère des barrots...et cela ne changera jamais...jamais.

*Oui Rei c'est tout à fait ça...*

Elle mit une main sur son front, elle n'en pouvait plus. Même si elle obéissait à Ichi.

-En faite rien ne sera différent...n'est-ce pas monsieur Ousamu?

Q-Quoi...? M... Mais non, c'est pas ce que je voulais dire!

Oui, effectivement, Tetsurou avait entendu. Et il ne pouvait pas en vouloir à Rei de penser ainsi, après tout... Il avait été honnête, il ne lui avait rien caché de ce que serait réellement cet hôpital, et la vérité fait mal... Évidemment, elle n'avait rien à voir avec le rêve, avec l'idée de ce qu'on se faisait du bonheur... Et cet endroit-là, pour sûr, c'était loin d'être le paradis... Mais tout de même, de penser que rien ne serait différent... Non, tout de même, il fallait nuancer!

Pardon, mais... Si tu venais à mourir... Si n'importe qui venait à mourir ici faute d'attention de notre part, je me le pardonnerai jamais... Mais... Mais enfin, ça veut pas dire que tout restera pareil, tu vois, je... Enfin, une différence majeure déjà, c'est qu'ici, on ne va pas te mentir. Les médecins t'ont menti, souvent, pas vrai? Je parie qu'ils t'ont même raconté plein de conneries à propos de cet endroit... Je comprends que ce soit difficile de faire confiance à quelqu'un après avoir vécu tout ça... Mais je veux pas te mentir, ce serait la pire des infamies. C'est pour ça que je veux rien te cacher non plus à propos de cet endroit. C'est pas vraiment la joie, ici, c'est vrai... Mais on fait avec et on se serre les coudes comme on peut, donc il faut qu'on soit honnêtes entre nous... Tu comprends?

Peut-être bien que non. Mais il fallait bien que le gérant justifie les mauvaises nouvelles qu'il avait données. Ça ne l'amusait pas vraiment de dire les choses telles qu'elles étaient, mais on avait déjà assez menti à cette malheureuse Rei comme ça...

Je ne voudrais surtout pas te cacher des choses, parce que j'estime qu'on t'en a suffisamment cachées comme ça... Et puis, autre chose, aussi... Tu trouveras toujours quelqu'un pour passer plus de dix minutes avec toi par jour. 'Faut qu'on prenne soin de toi et qu'on rattrape tout le temps que tes parents ont perdu...

Il ne savait pas trop quoi dire. Il se sentait très maladroit. (sic) Il avait bien du mal à trouver ses mots pour essayer de rassurer cette pauvre jeune fille... C'est dur de rassurer quelqu'un sans omettre un seul pan de la vérité... Mais Tetsurou n'aimait pas mentir. Surtout pas à ses malades. Donc, on n'omettait rien, mais il fallait bien rééquilibrer la balance... Et ce n'était pas facile, ni pour Rei ni pour lui-même, on ne fait pas retrouver l'espoir à une jeune fille qui a vécu de cette façon autrefois aussi rapidement...

Je... Je t'emmènerai voir la lune, si t'y tiens tant que ça... Je t'emmènerai dehors pour voir la lune, pendant la nuit...

En entendant ces mots, Rei se figea et écarquilla les yeux. Un flot de larmes s'échappa de ses yeux noir enplient de sernes. Elle mît sa main sur son coeur et se plia en deux sur sa petite chaise en bois. Elle pleurait de plus en plus mais en souriant. Elle pleurait de joie et non de tristesse.

-C'est la première...fois que...quelqu'un va m'enmener voir ma chère lune...Madame la lune...la seule chose réellement libre en ce monde...merci...merci monsieur Ousamu