163. C'était un nombre qui faisait un peu bizarre, dans la tête de Tetsurou, parce qu'il y avait 63 dedans, et que le 63, ça avait été lui... Ça faisait donc déjà cent patients qu'il était arrivé ici? Cent pile, ça c'est drôle. Cent, ça ne paraît pourtant pas si énorme, comme nombre, quand on réfléchit. C'est vrai... Après tout, il en avait vu des têtes, possibles et imaginables... Et ça ne faisait que cent, tout ça? ...Bon. Pourquoi pas. À force d'être enfermé, de toutes façons, on perdait la notion du temps et des nombres. La seule chose qu'il pouvait encore compter, sûrement, c'était ses papillons...
Apparemment, Chibana Shima s'était installée. Tetsurou le savait, parce que la porte était fermée —pas à clé, Dieu merci, mais ici on n'avait pas besoin de ça pour être tranquille— et qu'il l'avait laissée ouverte au départ pour qu'elle sache où entrer. Bon ; sauf qu'il ne l'avait jamais vue, la Chibana, vu qu'il était occupé à laver les carreaux de la salle de bains quand elle était arrivée. Vous parlez d'un gérant. Mais il ne restait plus beaucoup de personnel, ici, et tout ce qu'on voyait dans le coin pour "aider" Tetsurou, à part Komeiji-kun —et heureusement qu'elle était là encore—, c'était des médecins... Des... Médecins, beurk... En tout cas, quoi qu'ils en disent, ces crétins de médecins, c'était tout de même pas eux qui allaient entretenir les locaux. Cependant, ça le gênait un peu, Tetsurou, de ne pas avoir vu Chibana d'abord, et comme il avait fini et qu'il passait dans le couloir sans plus trop avoir rien à faire, il s'était arrêté devant la porte. Il l'avait trouvée fermée. Alors il avait frappé, assez doucement, du poing tout entier, en marmonnant les paroles habituelles —"J'peux entrer?" "Y a quelqu'un?" Ça n'a pas d'importance, ce sera selon vos préférences—. Mais comme il n'avait d'abord pas obtenu de réponse, il s'était tout de même autorisé à ouvrir la porte et à passer un bout de tête à l'intérieur.
Yo...
Ce qu'il avait vu d'abord, c'était la chambre en elle-même, et plus exactement, la décrépitude de la chambre. Bien qu'il y adresse le sourire que pourrait adresser une mère à son gamin désespérant qui s'est encore sali en jouant dans la boue, il en avait bien honte, de cette chambre, et de son état calamiteux. Lui qui était resté si fier, sur cette satisfaisante vision d'une salle de bains bien propre, ça foutait un coup que de voir une chambre d'une allure pareille. Ceci dit, tout le monde vivait un peu dans la même saloperie... Mais ça restait toujours gênant. Bon. Et l'intéressée, elle était où là-dedans? C'était que s'il rentrait encore plus la tête il pourrait passer pour un impoli ou un voyeur, qui sait... Ou le contraire, allez savoir...
Chibana... Shima-kun?