Mao Lin Hospital
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 Once upon a time, the end. [ Libre ]

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Akio Endou

Akio Endou


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MessageSujet: Once upon a time, the end. [ Libre ]   Once upon a time, the end. [ Libre ] Icon_minitime1Lun 8 Mar - 21:54

    Et toi, Aki, c'est quand que tu vas mourir ?

    Pas aujourd'hui. Non, aujourd'hui, il n'allait pas mourir. Enfin, c'était peut-être vers la mort qu'on l'emmenait. Ils l'avaient emmené de force mais on ne lui avait pas dit où. A part peut-être qu'ils avaient mentionné " Hôpital Psychiatrique " et il avait tremblé, parce qu'on lui avait dit que quand on l'enverrait là-bas, on l'attacherait à un mur et on le laisserait pourrir tout en lui faisant du mal. A vrai dire, il préférait se faire mal tout seul. Parce que les autres n'avaient pas le droit, ils étaient trop purs pour faire ça. Oui, ils ne devaient pas se salir sur lui. Parce qu'il avait tué sa mère. Et qu'il avait fait trop de mal. Et puis papa ne le frappait pas pour rien, pas vrai ? N'ayant plus de vêtements, il en avait récupéré à l'hôpital. Un épais bandage couvrait son bras, à cause de sa chute inopportune depuis la fenêtre. Ses vêtements cachaient mal son état. On voyait tout, tous ses os. Mais un sourire flottait sur son visage. Et pourtant il se sentait mal. Les gens qui l'escortaient, et les trompettes faisaient un bruit terrible. Mais Kurai lui avait dit, il devait sourire, parce que les gens n'avaient pas à subir sa mauvaise humeur. Alors un sourire absent se promenait sur son visage, se contractant par moment sous l'effet d'un tic ou d'un sursaut incontrôlé, son sourire se tordait de douleur et ses yeux appelaient au secours.

    Son pas était énergique parce qu'il voulait leur échapper. Akio savait. Il savait qu'ils savaient. Et ils lui en voulaient. Alors ils allaient l'exécuter. Les médecins avaient été un peu surpris de le voir ainsi. Après tout, il se tournait dans tous les sens, marchait vite, revenait sur ses pas, grimaçait, poussait des sortes de sanglots semblables à des gémissements, et il se griffait inlassablement le bras, juste pour éviter, éviter d'être inactif. C'était de mourir que d'arrêter de bouger, non ? Maman est morte quand elle ne bougeait plus, après du rouge s'étalait sous sa tête. Non ! Non ! Il ne fallait pas qu'il pense ça ! Akio ne pouvait pas ! Non... Il ne devait pas. On lui en voudrait. Et il rendrait les gens tristes. Et il ne voulait, oh non il ne voulait pas !

    Akio s'enfonçait dans le couloir en guettant des coups d'œil. Ayant totalement remarqué son obéissance aveugle et sa servitude, lui avaient ordonné de suivre le couloir, et d'aller s'assoir quelque part par là-bas. C'était peut-être dans leur habitudes, de laisser les patients à leur sort. A vrai dire, il était déjà content ( si il le pouvait encore ) de pouvoir garder ses jambes. Il avait entendu dire qu'on les attachait et qu'ils ne pouvaient plus jamais bouger. Paralysés par les hommes eux-mêmes.

    Et maman, c'est un homme qui l'a paralysée ? Non, un monstre. Un joli petit monstre. Eh oui. Regarde ! Tu les vois ? Ils te toisent, t'accusent du regard. Et ils savent que tu sais. Tu sais qu'ils savent. Et maintenant, Aki ? Quand est-ce que tu vas mourir ? Tu dois les laisser tu sais. Toutes ces âmes qui attendent un repos. Ta mère que tu as envoyé en Enfer, n'a-t-elle pas droit à son paradis, elle aussi ? Tu lui as pris le sien, rend lui en un, elle le mérite. Et pas toi. Toi tu n'y es pas autorisé. Alors va-t-en ! Aux limites du réel, à la fin du vivant, rejoint les morts sans pourtant mourir. Tu dois errer, tu comprends. Allons Akio... Et ces gens ? Si ils t'ont fait mal, ce n'est pas pour rien. Peut-être qu'eux aussi voulaient que tu payes. C'est légitime. Tu es la tache en noir et blanc sur leur photo en couleur, le moustique sur leur pare-brise. Tu fais partie des nuisibles. Et toi, Aki, quand est-ce que tu vas mourir ?

    Akio tressaillit, il était arrivé vers l'endroit qu'on lui avait indiqué, alors il s'assit. En tailleurs d'abord, s'amusant du bout des doigts à imaginer des carreaux sur le carrelage. Mais des voix chuchotaient de partout, elles venaient de partout et de nulle part, de longues voix graves et accusatrices qui soufflaient à voix basse, comme une rumeur née au milieu d'une foule, comme des milliers de doigts pointés sur un voleur pris sur le fait. Et toutes ces voix semblaient dire "Regarde, on l'emmène chez les fous !" " Il a tué sa mère !" "C'est de sa faute !" " Tuons-le ! "

    Les murs trop blancs se peignaient de rouge et il voyait des ombres. Alors il dut se relever, se relever et marcher, beaucoup trop vite, allant d'un mur à l'autre, le touchant, repartant, attendant quelque chose sans savoir quoi, cherchant à savoir sans pouvoir avoir ni même voir quoi que ce soit. Son coeur battait un peu trop fort et ses mains commençaient à s'emmêler dans les cheveux, dans le but de les tirer, les arracher, occuper ses mains. Mais d'un coup, Akio sortit une cigarette qu'il avait planquée dans sa poche, la porta à sa bouche, et l'alluma, commençant à bien fumer. Seul léger inconvénient, il n'avait pas de briquet. Malheureusement ou bienheureusement, il n'en avait pas conscience. Et il fumait, tirait des taffes, regardait les volutes d'une fumée invisible qui s'échappait le long des couloirs. Mais le pire, c'est qu'il croyait que ça le calmait. Alors il attendait l'improbable, torturé entre les souvenirs, malmené parmi les regrets. Et si, si il n'avait pas traversé, est-ce qu'il serait là ? Est-ce qu'on l'attacherait à son lit, qu'on le malmènerait comme ils ont pu le faire, que son père l'aurait frappé ? Et si il était devenu postier, au final ? Et cette voix qui hurlait dans sa tête, il essayait d'y échapper, par tous les moyens, tous les systèmes, comme il pouvait, alors, abandonnant sa cigarette éteinte dans sa bouche, il agrippait son crâne et le secouait, le griffait, il voulait hurler. Mais si il avait ouvert la bouche, la cigarette serait tombée, et elle se consumerait au sol, à présent. Alors il hurlait en silence, et le cri faisait du ping-pong dans sa tête. Le cri allait heurter la paroi droite, puis la gauche, se prenait dans le filet, et enfin seulement, s'arrêtait doucement. On lui avait dit que c'était fini, qu'il était prisonnier de ça pour toujours. En plus, il ne pouvait même pas l'exprimer, il ne pouvait plus, n'y arrivait pas. Même si la phrase était cohérente dans sa tête, c'est tout autre chose qui sortait de sa bouche. Alors quoi ? Il allait rester prisonnier ? Prisonnier de lui-même, à tout jamais. Joyeux anniversaire, Aki.

    Et maintenant quoi ? Qui allait, qui allait venir déranger son cauchemar ?


[ Hn. C'est pas très long toussaaa >< ]
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Ousamu Tetsurou
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Ousamu Tetsurou


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MessageSujet: Re: Once upon a time, the end. [ Libre ]   Once upon a time, the end. [ Libre ] Icon_minitime1Mar 9 Mar - 18:07

HJ : Eh?! Hora, avec mon niveau de meurde, jamais je serais capable de faire si long! ><" Alors ne dis pas que c'est pas long! (Also, désolée de répondre assez tard comme ça.^^")

~~~

Finalement, la porte s'était ouverte à nouveau. Il faut croire que c'est une tradition, que le médecin fasse attendre le patient, que le psy fasse attendre sa pauvre petite âme égarée, que le patron fasse attendre le prétendant à l'emploi pour passer l'entretien... Que le gérant de l'hôpital psychiatrique entre dans les bureaux après le patient. Tetsurou n'en était pas très fier, à dire vrai... Mais ce n'était pas pour autant, pour le coup, qu'il n'entrait pas tranquille dans la petite pièce en bordel, avec tous les dossiers, la paperasse entassée partout et les papillons épinglés derrière des vitres sur les murs. Tranquille, cette fois, oui, apparemment ce n'était pas un jour à être nerveux en ces doux jours de pré-printemps. Peut-être aussi parce qu'il avait la clope au bec. Ça aidait, mine de rien. Il était donc entré en fumant une cigarette, bien allumée, la sienne, puisqu'il avait un briquet. Un briquet avec le paquet, bien rangés, ou plutôt bien rangés façon Tetsurou, on se comprend, qu'on ressortait d'un geste machinal à cause de la dépendance... En la matière, ce binoclard-là n'était pas un exemple. Bref, il était entré d'un pas tranquille, en marmonnant une espèce de chansonnette très bas entre ses dents... Et ce qu'il trouva là le surprit assez pour le faire redresser son dos, au demeurant toujours voûté.

...Oh.

C'était tout, ceci dit. Ce n'était pas comme si la vue d'un "fou" le surprenait, ça faisait des années qu'il en voyait. Mais ce qui était surprenant, c'était de voir à quel point la nervosité du jeune homme qui l'attendait là contrastait avec sa propre placidité. La personne en question, le nouveau venu, le numéro 162, ne tenait tout simplement pas en place. Il marchait de long en large, hurlait silencieusement —Tetsurou sait reconnaître un cri silencieux quand il en voit un—, se triturait les cheveux, se grattait. Il bougeait, en somme. Sans cesse il bougeait, pas un seul moment d'immobilité au sens réel du terme. C'est ce que ce vieux du 17ème, là, Bépé ou un truc comme ça —c'était comme ça que Tetsurou s'était amusé à l'appeler, ne le respectant pas beaucoup—, appelait le "divertissement". Et sans divertissement, qu'est-ce qu'il reste? Le repos. Et qu'amène le repos pour l'homme? L'ennui. Et qu'est-ce qu'on fait quand on s'ennuie? À quoi on pense? À toutes sortes de choses désagréables que le divertissement est censé aider à oublier. C'était à peu près analogue. Du moins ce fut l'analyse que Tetsurou fit premièrement de l'attitude de ce jeune homme. Après, il n'allait pas s'avancer. Chaque fois qu'il s'avançait il disait une connerie et se faisait rembarrer, c'était dire à quel point on pouvait se tromper... Akio fumait lui aussi une cigarette, ce qui faisait partie de son grand manège des mouvements. Mais la sienne, de cigarette, n'était pas allumée. Tetsurou le remarqua aussi. Il se demanda si ça le soulageait tout simplement d'en avoir une dans la bouche, juste pour se donner l'impression. Il se demanda si Akio fumait aussi, et lui, après tout, qu'il fume ou pas, il s'en foutait, mais s'il fumait, disons qu'il le comprenait, après tout, lui aussi était un fouchtre fumeur. Un mauvais exemple. Mais du moment qu'on ne fait pas de mal délibéré à autrui, y a-t-il vraiment besoin d'un exemple édifiant dans un endroit pareil? Non, franchement, c'était fort discutable... Finalement, Tetsurou sortit sa cigarette de sa bouche pour parler, la tint entre son index et son majeur, et désigna de cette même main au niveau de la bouche de son nouvel interlocuteur pour lui faire la remarque.

Elle est pas allumée, ta clope.

Avec ce charmant style de tournures de phrases qu'il avait, comme toujours. C'est Tetsurou, n'est-ce pas. Sans même attendre une réponse de la part du garçon, le gérant remit sa cigarette dans sa bouche, et fourra sa main dans la poche où il avait son briquet. Il ne l'en ressortit pas immédiatement. Il allait poser la question et attendre une réponse. Après tout, il les aimait peut-être aussi comme ça, ses cigarettes.

Tu veux pas du feu?

À quoi tu penses, Tetsurou? Et s'il essayait de blesser quelqu'un, de se blesser lui-même, de brûler des choses avec ce feu? Bah, pour l'instant, rien n'était joué. C'était Tetsurou qui avait le briquet, et comme il savait ce que c'était que d'avoir envie de fumer, il pouvait bien se risquer cette petite question tout de même.
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Akio Endou

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MessageSujet: Re: Once upon a time, the end. [ Libre ]   Once upon a time, the end. [ Libre ] Icon_minitime1Mer 10 Mar - 17:56

    Numéro 162, numéro 162. On le lui avait dit, ou vaguement murmuré, peut-être même qu'il l'avait imaginé, il n'en savait rien. De toute manière, il ne savait pas grand-chose. Akio savait juste qu'à présent, il n'était plus qu'un numéro. La suite d'une chaine qui ne cesserait de s'agrandir derrière lui. Et que dès lors, il serait prisonnier de cette chaine. Mais de toute façon, d'une certaine manière, il était déjà prisonnier de beaucoup de choses, à commencer par Kurai, autrement dit Akio. Puisque la voix n’était que ça. L’expression masquée de ses plus profonds ressentis, de la part de conscience qui restait, enfouie dans les bas-fonds de son cerveau, de son âme. Mais elle était corrompue, cette voix. Oh oui, corrompue par le mal qui rongeait son corps, par les flashs qui lui brûlaient les yeux, les souvenirs qui lui griffaient la tête. Seulement, trop rarement, jamais, pas souvent, une pensée joyeuse effleurait ses lèvres, lui arrachant un sourire, à peine moins mort que les autres. Comme tous ses souvenirs étaient partis en fumée, il n’avait rien de joyeux. Tout ce qu’il se rappelait se passait à partir de cette date fatidique, son anniversaire. Sa naissance et sa mort. Oui, il était mort ce jour-là. C’est ce qu’un des psys lui avait dit « Une partie de toi est morte dans cet accident, n’est-ce pas ? » Et lui n’avait rien dit, le laissant parler tout seul, mais il avait entendu. Entendu et retenu. Et, comme à son habitude, il l’avait pris au sérieux. Pour lui, il ne bougeait pas vraiment d’un endroit à un autre, ne prenait pas vraiment la cigarette pour la mettre à sa bouche, ne sentait pas vraiment les battements de son cœur s’affoler. Akio Endou était mort, et malheureusement, ça n’était qu’à moitié le cas.

    Tellement occupé à se tordre le cerveau dans tous les sens, à hurler sans bruit, à pleurer et saigner de l’intérieur, il n’avait pas vu l’homme qui approchait. De toute manière, il voyait tellement d’humains autour de lui qu’un de plus ne changeait sans doute pas grand-chose. Akio savait que certains étaient des visions, mais pas immédiatement, un petit bout de temps après seulement. Ou alors, quand l’un d’eux venait lui parler, et lui disait quelque chose qui n’avait rien à voir avec sa mère, là il savait que tout le reste n’était qu’illusion, sans pour autant avoir envie d’y croire. Il continuait d’aller, du point A au point B, du point B au point A, sans dévier de sa trajectoire, laissant juste ses bras s’affairer là où ça le calmait le plus. Enfin non, plus grand-chose ne parvenait à le calmer, pour ne pas dire rien, en fait. Rien n’arrivait plus à lui apporter même un semblant de tranquillité. Tout le stressait, l’inquiétait. Surtout, en ces lieux, les immenses tâches rouges qui maculaient les murs, et ce mot qui semblait marqué à l’encre humaine partout : Hell|/i]. Parfois [i]Help. Bien sûr, rien de tout cela n’était marqué, mais son corps entier criait à l’aide, alors il l’écrivait sur les murs, sur les murs sales qui tapissaient son esprit. Des toiles tendues, des ardoises, renouvelables à l’infini. Juste des visions d’horreur.

    ...Oh.

    Violent sursaut. Une voix beaucoup plus proche que les autres murmures fit faire un bond à l’adolescent qui stoppa tout mouvement pour se tourner vers cette voix qui lui semblait trop proche. Peu de temps après, sa main avait repris sa course le long de son bras, griffant la peau à travers le bandage, griffant les os à travers la peau. Parce qu’il fallait qu’il bouge. Cependant, Akio ne marchait plus. Il tira de nouveau sur sa cigarette éteinte, sentant à la perfection si bien l’odeur que le gout emplir sa bouche. Celle de l’autre homme semblait allumée aussi, le bout rougeoyait. Comme la sienne, en somme. Du moins, il le croyait. Et il le croyait même du plus profond de son âme.
    C’était pathétique, oui, exact, mais il était fou, qu’est-ce qu’on y peut ? Akio, à force de rester presque immobile, n’arrivait plus à réellement capter ce qui se passait autour de lui. Certes, c’était toujours le cas, mais là, même la pièce lui semblait différente, un peu comme un rêve éveillé. Mais la même voix le tira de son cauchemar avant même qu’il n’y plonge.

    Elle est pas allumée, ta clope.

    Akio haussa un sourcil. Non pas qu’il n’avait pas compris, la phrase était très claire, mais pourtant il était persuadé qu’elle était allumée. Et la preuve en était qu’il sentait la fumée, qu’il la voyait, à cet instant même. L’homme était donc aveugle ? Non. Le brun chassa cette pensée immédiatement, il n’avait pas le droit. C’était forcément lui qui était en tort, oui, cet homme avait raison. Forcément. Les autres ont toujours raison. Son sourcil se rebaissa et sa main libre partit saisir la cigarette dans sa bouche, l’autre arrêta de gratter et s’enfouit dans sa poche. De nouveau, il sortit son briquet ( qu’il n’avait toujours pas ) et alluma sa cigarette. Le geste était monstrueusement précis, de sorte que c’était évident que lui, il le voyait son briquet. Persuadé qu’il l’avait entre les doigts, que son pouce s’abimait sur la roulette de sécurité, et que la flamme venait lécher le bout de la cigarette. De son point de vue à lui, son attitude était royalement normale. Seulement, la réalité n’était pas la sienne. La sienne était fausse, erronée, détraquée. Comme une horloge déréglée en somme. Un tableau d’art abstrait. Une erreur. Error 404.

    Peut-être qu’il aurait dû répondre à l’homme qui lui faisait face, puisqu’il disait quelque chose. C’est comme ça que les dialogues se forment. Seulement, il en était incapable. Ou quand bien même, ça n’aurait rien signifié. Les dialogues étaient rigoureusement impossible avec lui. Mais pour toute réponse, ses lèvres s’étirèrent très légèrement vers le haut, dans un sourire qui transpirait la mort. Pourtant, il pensait que ça passait bien, que c’était joli. D’ailleurs ça l’était, mais joliment triste, joliment mort, ou mortellement joli. Ca, il l’ignorait.

    Tu dois t’enfuir, Akio. Tu n’as pas le droit, tu l’empoisonnes. Il suffoque. Tu lui fais mal. Va-t-en ! Monstre !

    En entendant cette voix grave qu’il préférait oublier, il tiqua légèrement, secouant un peu la tête. Kurai avait raison. Oh oui, tellement raison. Mais il n’eut pas le temps de lui obéir que l’autre personne lui posait une question.

    Tu veux pas du feu?

    Une question provoquait immédiatement un état de panique chez Akio. Répondre à une question, ça lui était rigoureusement impossible. Jamais il ne pouvait trouver la réponse. Il ne savait rien. Son sourire s’effaça, laissant place à une expression d’inquiétude. De plus, il ne comprenait pas. Il venait de l’allumer. Pourquoi aurait-il voulu du feu ? Peut-être que ça n’était pas une question. Du moins, il l’espérait. Décider, le mettait dans un tel état de panique que c’en était perturbant pour ceux qui lui faisaient face. Aussitôt, il piétina légèrement sur place, dégourdissant ses jambes comme si il allait les perdre. En fait, il se balançait plus d’un pied sur l’autre qu’il ne piétinait. C’était impoli de refuser ? Oui, sûrement. Mais il ne pouvait pas dire qu’il le voulait. Ca n’était pas possible. Comment disait-on oui ? Et s’il vous plait ? Avec des mots, ça donnait quoi ? Le fou pinça les lèvres. L’homme qui lui faisait face devait le penser fou. T’es à l’asile, Aki chéri. Tu es fou. Mais surtout, il devait se demander ce qu’il attendait. Parce qu’il ne bougeait pas, si ce n’est sa main le long de son bras. Et il regardait l’individu fixement, pour voir si il allait disparaitre, comme le faisaient des fois les gens autour de lui. Et non, il restait là, toujours aussi précis devant ses yeux. Bientôt, il aurait pratiquement oublié l’existence d’une question. Le jeune homme ouvrit la bouche, la referma sans rien avoir dit. Heureusement que cet homme avait l’air calme, il serait peut-être patient. Si il ne l’était pas, il n’irait pas loin avec son nouveau fou. Puis finalement, Akio hocha faiblement la tête. Même si il pensait toujours qu’il l’avait rallumée. Sans qu’on ne sache pourquoi, il fit deux pas en arrière pour finalement revenir à sa place et recommencer à se balancer. Inlassablement, pied droit, pied gauche, pied droit, pied gauche, et après ? Sa main partit récupérer la cigarette, la tournant entre ses doigts. Ce qu’il voulut dire à l’instant s’apparentait sans doute à quelque chose comme « Oui, merci beaucoup, c’est gentil. » Et pourtant...

    - Je... Numéro... Et puis la feuille et la fille.

    C’est tout ce qu’il voulait dire. Enfin plutôt, ne pas dire. Car non, il n’avait aucun intérêt à dire ça. Mais ses mots s’échappaient sans qu’il puisse les rattraper, les analyser. Et il s’en rendit compte. D’ailleurs, il se mordit légèrement la lèvre inférieure. Son regard partit se poser sur le sol, il avait honte. Terriblement honte. Sa cigarette retrouva sa bouche et un bruit imaginaire lui fit tourner vivement la tête vers un point que lui seul devait voir. Un point où la tache de rouge grandissait doucement, tranquillement. Il rebaissa les yeux aux pieds de l’homme, se balançant toujours nerveusement.
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Ousamu Tetsurou
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MessageSujet: Re: Once upon a time, the end. [ Libre ]   Once upon a time, the end. [ Libre ] Icon_minitime1Jeu 11 Mar - 1:21

Alors... Akio avait hoché la tête, non? Ça voulait dire oui. Il acceptait qu'on lui allume sa cigarette, donc, non? Autour d'eux deux, les quelques personnes en blanc échangeaient des regards ou des murmures réprobateurs. Beurk. Parfaitement répugnant. Tetsurou se doutait bien de ce qu'ils devaient penser, ceux-là... On est dans un hôpital, fumer est mauvais pour la santé, il ne faut pas inciter un jeune à fumer, ça ne se fait pas dans la bonne société... Mais enfin, réveillez-vous, bande d'imbéciles, où est l'hôpital dans un tel endroit, où est la santé dans ce vide-ordures, et où est la société? Cet endroit, c'est le contraire de la société, bon sang, c'est l'endroit où vont ceux que la société, justement, chasse... Alors où était cette foutue "morale" publique, dans tout ça? Ça lui donnait envie de vomir, tiens. Tous ces gens qui faisaient semblant, alors qu'au fond d'eux, tous connaissaient parfaitement la réalité... Un regard circulaire, bien noir, plus noir encore que d'habitude, sur les gens en blanc ; juste histoire de leur dire de la fermer, qu'il n'était pas sourd et que ce jeune homme-là non plus, sans doute, même si cette bande d'idiots avait l'air de le croire. Quel irrespect... Et puis, une fois qu'ils s'était garanti un peu de paix, Tetsurou avait songé à allumer de son briquet, pour de bon, la cigarette d'Akio. Seulement ce n'était pas chose facile. Il l'avait dans la bouche ou à la main, ou à la bouche à nouveau, et en tout cas il n'avait de cesse de bouger, décidément, ce qui fait que Tetsurou pouvait bien avancer son briquet, le bout de la clope du garçon finirait toujours par l'éviter. Akio faisait des pas, en avant, en arrière... Décidément il ne pouvait pas rester fixe. À le voir ainsi, l'une des premières questions qui passait par la tête du gérant fut si ce gars-là était même capable de dormir la nuit. Bon. Tant pis pour la cigarette, en tout cas. Il y reviendrait plus tard, puisque pour l'heure, Akio venait de lui dire quelque chose... Quelque chose qu'il ne comprit pas du tout. Ou plutôt si : il comprenait les mots, il connaissait chacun d'entre eux, mais s'il fallait chercher à trouver un rapport logique entre eux et une signification à cette "phrase", là, ça séchait. D'ailleurs Tetsurou préféra être franc. Pourquoi aller se faire mal au crâne à comprendre quelque chose d'apparemment irrationnel et donc pour le moins complexe à comprendre, à moins de se laisser aller soi-même à la folie ; et de même, pire encore d'ailleurs, pourquoi faire croire qu'il comprenait, alors qu'il n'en saisissait pas un mot? C'était ce que faisaient certains médecins, quelquefois. Tetsurou détestait ça. Ça aussi, ça le rendait malade —et à raison, probablement.

Pardon, mais je comprends pas ce que tu veux dire.

C'était ainsi qu'il s'était formulé, tandis qu'il contournait Akio, toujours en le regardant, par respect, pour aller se placer derrière son bureau. Il ne s'assit pas. Il s'appuya juste dessus avec les mains. C'est fatigant de rester debout sans appui trop longtemps, parfois. Ça lui soulageait là les jambes, les épaules. Ce type n'était pas du genre à aller très bien dans son corps. Quand on fume, qu'on mange des patates crues, qu'on prend une mauvaise position au quotidien et qu'on n'est jamais très en forme dans sa tête non plus, ça n'aide pas... Sans compter les tâches ménagères. Bien qu'il faille les faire et que Tetsurou prenait ça très à coeur, ça vous esquintait, mine de rien. Bref. Les paroles d'Akio. Non, ça ne venait pas. Il avait voulu parler de lui. Et peut-être mettait-il cela directement en relation avec ce mot, "numéro", qu'il mentionnait par la suite... Quoique. Qui aimerait se faire désigner par un numéro? Même un fou, un vrai fou bien vaincu dans sa tête par sa folie, même quelqu'un qui n'a plus aucun sens des réalités n'apprécierait sans doute pas. Personne n'aime être désigné par un numéro, Tetsurou en avait une certitude bornée. La suite? La "feuille". La "feuille et la fille". Qu'est-ce que ça voulait dire? Est-ce que ça désignait la feuille de papier, celle où il y avait les informations personnelles sur lui? Ou bien une feuille d'arbre, auquel cas Tetsurou s'en retrouverait d'autant plus perdu...?

Ça suffit. J'y arrive vraiment pas. Ça me fout mal au crâne.

Se résignant là à abandonner le casse-tête, à renoncer à ce décodage brouillon de l'irrationnel, qui s'avérait, comme le lui avait dicté sa première intuition, pour le moins impossible, Tetsurou revint à son histoire, plus concrète, de cigarette. Ça, au moins, il comprenait. Il savait. Et il tenta d'expliquer, donc, à Akio que s'il ne s'arrêtait pas un peu de bouger il n'arriverait jamais à lui donner du feu. Posément. En espérant qu'il saisisse le sens de la phrase, lui qui semblait parler un langage si différent du commun.

Si tu veux que j'allume ta clope, 'va falloir que tu la laisses fixe au moins un moment. Sinon je pourrai pas. Tu comprends?


Oui, il fallait poser la question, selon Tetsurou en tout cas. Ça valait mieux. Et ça valait mieux aussi de la formuler comme ça, plutôt que comme "tu peux me répondre". Parce que ç'aurait été insultant, et que certainement, Akio pouvait lui répondre, tout ce qu'il lui dirait ou ferait par la suite pouvant être perçu comme une réponse en soi, que Tetsurou la comprenne ou non. Mais demander au jeune garçon si, malgré le fait que lui-même, apparemment, ne suive pas —ne suive plus— cette même logique qui va dans le sens commun pour former des phrases, il pouvait quand même la comprendre, cette logique... Ça, le gérant pensait pouvoir s'y autoriser, en revanche.
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Akio Endou

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MessageSujet: Re: Once upon a time, the end. [ Libre ]   Once upon a time, the end. [ Libre ] Icon_minitime1Ven 12 Mar - 0:24

    Comment ? Comment il ferait maintenant si il fallait qu'il utilise des mots ? Si jamais la communication devenait sa seule façon de faire passer un message ? Si il ne pouvait plus utiliser les gestes, les messages codés ? Au final, ça ne changerait pas grand-chose. En effet, l'adolescent n'utilisait jamais de signes ou de messages codés. Donc ça ne changerait rien. Il continuerait de ne rien faire et ne rien dire si ce n'est des choses ridicules et imprécises, comme il le faisait toujours. Comme il venait de le faire. Et comme d'habitude, il regretterait amèrement d'avoir ouvert la bouche. Ce qui se passait à cet instant même. Il se détestait d'avoir ouvert la bouche. Mais surtout, dans ces instants où il était capable de le savoir, il détestait savoir qu'il était fou. Savoir que la raison n'était plus son alliée et que la folie s'était immiscée. Immiscée pendant un moment de vide. Un moment où il se sentait tellement vide que n'importe quoi aurait pu le remplir. Et c'est cette voix qui l'a rempli. Elle n'attendait que ça, planquée derrière un soupçon d'intelligence, à l'abri des regards. Et là. Dans cet instant où plus rien n'avait d'importance, de telle sorte que le monde aurait pu exploser ça n'aurait pas été grave, elle était venue. Kurai s'était présentée sur le devant de la scène. Tous les projecteurs s'étaient tournés vers elle. C'était joué, on n'entendait plus qu'elle. Et elle n'a jamais perdu la vedette. Jamais rien d'autre n'a pris le dessus. Parce que ses mots ont fait peur, ont effrayé toutes les zones de lumières qui restaient. Kurai a fait la guerre et a tout dévasté, laissant des éclats d'obus un peu partout. Et comme toute cicatrice, elle était éternelle et inoubliable. Surtout qu'elle se rappelait à lui très souvent, trop souvent.

    L'homme contourna Akio qui le suivait du regard. C'était une simple précaution. Sa cigarette continuait l'aller-retour entre sa main et sa bouche. Elle continuait de voyager à droite et à gauche, même si il avait dit qu'il acceptait qu'on l'allume, il ne pouvait pas arrêter de bouger. L'inconnu ne s'assit pas. Il s'appuya des deux mains sur le bureau. Pourquoi avait-il instauré cette distance entre eux ? La question ne se posait même pas. Akio devait transpirer la mauvaise graine. Enfin, c'est ce qu'il pensait de lui. Et c'était terrible de se haïr à ce point, non ? Au point de se dire des immondices pareilles, de se susurrer sans le savoir des menaces de mort. L'homme devait faire partie du personnel de l'hôpital. Tu as vu, il va devoir te supporter, tu as envie de lui infliger ta présence ? Regarde, tu l'énerves déjà... Et lui ? Tu vas lui faire quoi ? Quand tu seras plus très bien ? Hm ? Tu vas lui faire du mal à lui aussi ? Il mourra par ta faute, lui aussi ? Tu te rends compte ? Tu n'as pas le droit de leur faire ça... Tu ne peux pas... C'est cruel. Tu es cruel ! Aki chéri... Quand est-ce que tu vas mourir ? Hn ? Akio se tourna vers le bureau pour faire face à cet homme. Une légère grimace sur le visage. Bien oui, après ça, son regard sur la personne était un peu changé. Akio voyait à présent l'homme comme une de ses victimes. Et il avait un peu l'impression d'être un monstre. Encore plus que d'habitude. Sur le bureau, Akio avait l'impression de voir son dossier ouvert avec de nombreuses tâches rouges. Pour chasser cette image qu'il espérait fausse, il ferma les yeux et secoua la tête, mais c'était toujours là. Du moins, devant ses yeux.

    Pardon, mais je comprends pas ce que tu veux dire.

    Soupir. C'était logique. Comment cet homme aurait-il pu comprendre ? Même lui ne savait pas ce que ça voulait dire. Enfin, il aurait préféré ne pas savoir. Le numéro... C'est ce qu'il était maintenant, non ? Sans doute. Un numéro au milieu des autres. Comme le trois entre le deux et le quatre. Un numéro qu'on déposerait là et qu'on oublierait avec les autres. Parce que si son père avait payé pour qu'il vienne, c'était sûr que personne ne reviendrait le chercher. Personne ne pouvait l'attendre là-bas dehors. Personne n'avait de raison de l'attendre. Et finalement, être ici, c'était bien pour les autres. Ils n'auraient plus à "supporter sa présence maléfique". Parce qu'il était l'enfant du Diable. On lui avait dit. On lui avait dit tellement de choses... Et lui continuait de tout avaler. De tout croire, de ne jamais remettre en cause la parole de quiconque. Il n'aurait guère osé. Puisqu'il n'était plus qu'un numéro. Quant à la feuille, c'était celle qu'il était allé voir, ce jour-là. Cette feuille qui avait été l'arme de son crime. L'objet de sa perte. La cause de son malheur, de sa folie sans doute. Peut-être pas. Il était déjà un peu fou, non ? Pas vraiment fou, juste influençable. Mais quand même un peu fou. Il faisait des choses étranges des fois. Oui, des choses étranges. La feuille d'arbre était intrigante parce qu'elle n'avait rien à faire là : Que faisait une feuille d'automne à la fin de l'hiver ? Et d'ailleurs, il avait supposé même que la feuille était un fruit de son imagination. Cela lui arrivait parfois. Des choses qui n'étaient pas censées être là. Elles ne détonaient pas franchement dans le décor mais avaient le mérite d'accaparer toute l'attention du petit garçon. Et dès lors, rien d'autre n'avait d'importance. Comme si tout était devenu obsolète, plus rien que ça ne comptait. Et cet objet devenait le St Graal. Et souvent, ces objets n'étaient pas là. Ou du moins, pas réellement comme il les voyait. Un peu différents, pas vraiment, totalement opposés. Comment pouvait-il le savoir ? Savoir, il ne connaissait même pas ce mot. Si on ne sait pas le mot savoir, alors qu'est-on ? Et puis la fille... La fille. En fait, de lui-même, il n'était pas au courant de ce qu'il avait pu lui faire. De cette soirée il se rappelait juste le pire pour lui, mais il l'avait mérité, non ? Non... Si. Akio devait le mériter, sinon ça ne serait pas arrivé. Mais cette fille... On lui avait juste raconté, alors il avait dû le faire. Si on le lui avait dit, c'est que c'était vrai. Alors il vivait avec sur la conscience, les horreurs commises par d'autres. Parce qu'il ne pouvait pas faire ça. Ca n'était pas son genre. Même lorsqu'il avait bu/fumé/sniffé.

    La phrase de l'homme était restée sans réponse. Et beaucoup de ses phrases le seraient sans doute. De toute manière, même si il arrivait à le faire, que pourrait-il dire ? Qu'aurait-il d'intéressant à raconter, lui qui n'a jamais vécu ? Jamais vécu avec les mêmes yeux que les autres, jamais vu les derniers films au cinéma, lu les anciens livres des meilleurs écrivains, écouté les dernières musiques des artistes à la mode. Alors oui, qu'aurait-il pu dire ? Définitivement rien. Et il s'appliquait à le faire. Laissant le silence planer dans la salle. Mais le silence n'emplissait pas sa tête, jamais. Mais comme Kurai lui avait souvent dit et répété Si ce que tu as à dire n'est pas plus beau que le silence alors tais-toi et ça aussi, il l'appliquait à la lettre. C'était un pantin, une marionnette. Et sans le savoir, à la fois tout le monde et personne n'était son marionnettiste. Dirigé par tout le monde mais avant tout par lui. Alors à la fois par personne et l'humanité entière. Il obéissait. Toujours. Pas une seule fois il n'avait pas écouté ce qu'on lui disait.

    Akio espérait que l'homme avait cessé d'essayer de comprendre. Parce qu'il savait très bien qu'il se ferait mal à chercher la solution à l'insoluble. Il allait s'étriquer le cerveau, se l'effriter, et il deviendrait fou aussi, le pauvre. Cela lui aurait fait de la peine. Peut-être que ça lui en faisait. C'était si abstrait comme sensation que l'identifier semblait pour le moins impossible. Ou très compliqué. En tout cas, si la personne essayait de découvrir ce qu'il avait voulu dire derrière ça, il fallait qu'elle arrête vite. Il n'avait rien voulu dire, les mots étaient sortis. Mais ils n'avaient aucun but, aucune ambition. Si encore ils n'étaient pas venus pour rien, mais pourtant ils l'avaient fait. Mais en fait, ils voulaient dénoncer. Dénoncer ce malheur brûlant qui lui flambait les entrailles de l'intérieur. Des années de folie, c'était terrible. Et il ne restait définitivement rien. D'ailleurs, son père le lui avait dit :

    " T'es qu'un résidu de fausse couche !! Tu n'es plus rien ! Rends-moi mon fils sale monstre !! Et ma femme ! Tu me les as pris !! Pourquoi ?!!! "

    Et il l'avait frappé. Frappé jusqu'à ce qu'un filet de sang glisse le long de sa tempe, frappé jusqu'à ce que son corps endolori soit secoué de violents sanglots. Mais surtout, jusqu'à ce que sa haine soit sortie. Sa haine d'avoir perdu son îlot de bonheur, sa haine d'avoir tout perdu, d'une seconde à l'autre. En tant qu'homme égoïste, jamais il n'avait tenté de comprendre quel mal rongeait son fils. Parce que pour lui, il ne savait pas vraiment qu'il l'avait vue, qu'il avait essayé de la réveiller, et qu'il avait crié à s'en blesser la voix. On l'avait écarté avant qu'il arrive. Ben oui, on n'allait pas laisser ce pauvre gamin pleurer toutes ses larmes sur le corps sanguinolent et déjà froid de sa mère. Comment lui expliquer après cela ? C'était impossible...

    Si tu veux que j'allume ta clope, 'va falloir que tu la laisses fixe au moins un moment. Sinon je pourrai pas. Tu comprends?

    Akio fut de nouveau tiré de ses songes par cet homme dont il ne connaissait rien, mais qui devait tout connaitre de lui. Et à peine l'avait-il rencontré qu'il semblait déjà lui parler avec une certaine lenteur. A peine l'avait-il rencontré qu'il croyait déjà qu'il était profondément stupide, qu'il parlait avec ces mots, qu'on utilise pour les enfants. Et le fameux "Tu comprends ?" comme si c'était quelque chose de fondamentalement compliqué. De nouveau, l'adolescent pinça les lèvres. Décidemment, cet homme était étrange. Pourquoi persistait-il à dire que sa cigarette était éteinte ? Ca n'était pourtant pas le cas... Mais pourtant, si il le disait, c'était vrai, alors là, Akio ne comprenait pas. A aucun moment il ne s'était demandé pourquoi il avait pu garder sa cigarette allumée sans qu'elle ne se consume et ne se termine. Mais c'était d'accord. Elle était éteinte. Tu comprends ? Tu comprends ? Tu comprends ? Bien sûr qu'il comprenait. Il n'était pas aussi fou. Mais il ne pouvait pas l'exprimer. Il dirait sans doute encore quelque chose de décalé. Alors quoi ? Comment il pouvait lui faire savoir ? Un signe de tête ne formulerait que le début de ce qu'il voulait dire. Il aurait voulu dire qu'il comprenait et qu'il allait faire un effort pour rester stable. Et ça, comment le dire ? Décidemment, il préférait rester enfermé dans sa chambre. Il avait mal à la tête à trop chercher une méthode. Il se contenta d'hocher la tête et d'arrêter de bouger, clope au bec, attendant patiemment que l'homme ait allumé pour la troisième fois sa sucette à cancer. Enfin, patiemment, c'était rapidement dit. Ses doigts s'étaient emmêlés et jouaient ensemble, se tirant dessus, essayaient de se divertir comme ils pouvaient. Garder du mouvement. Parce que les monstres l'attaquaient quand il arrêtait de bouger.

    Mais le jeune fou ne put tenir très longtemps immobile. Il avait fait l'effort d'essayer mais cela lui était difficile, impossible, compliqué. Chasser les fantômes, oui, chasser ses fantômes.

    Tu lui prends encore du temps ! Va-t-en ! Il faut que tu en finisses. Que tu disparaisses et que tu meures. Pour le bien de tous. Parce que tu n'aimes pas leur faire du mal, pas vrai ? Hm ? Alors il faut, il faut que tu te dépêches... Dépêche-toi. Aki chéri... Voyons, sois raisonnable. Tu ne peux pas. Pas après ce que tu as fait. Hein ? Tes rêves sont morts, et tu as tué trop de monde. Ils se meurent de tristesse. Tu les vois ? Ils t'en veulent. Ils veulent te tuer, que tu rendes ton sang, que tu les laisses en paix. Tu les entends ? Ils murmurent à ton sujet. Ils savent, Akio. C'est trop tard pour tout fuir, maintenant. Tu vas devoir assumer, mon petit ange. Ange noir, hein ?

    Ses deux mains se plaquèrent sur sa tête, s'agrippant à ses cheveux, une expression de douleur collée au visage. Oui, les interventions comme celle-là lui faisaient mal. Malheureusement, elles étaient fréquentes. Ca lui arrachait parfois quelques larmes. Mais pas là, là il ne pouvait pas. Akio secoua la tête assez fort, juste pour la repousser, la chasser. Et il tourna de nouveau son regard vers l'homme, détachant avec difficultés ses mains cramponnées à ses cheveux noirs. Noirs comme l'Enfer.
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Ousamu Tetsurou
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MessageSujet: Re: Once upon a time, the end. [ Libre ]   Once upon a time, the end. [ Libre ] Icon_minitime1Ven 12 Mar - 18:21

Ah... Oui, Akio le comprenait. C'était déjà ça d'avantageux. Il avait cessé de bouger, et ce fut assez de temps pour Tetsurou pour se pencher au-dessus de son bureau et tendre au bout de son bras son briquet allumé, pour donner enfin son feu au jeune homme. S'il savait. S'il savait que selon ce dernier, c'était déjà la Xème fois qu'on allumait sa cigarette. Mais la réalité entre ces deux-là n'était pas la même, aussi horrible que cela puisse paraître... Ce qui n'allait pas décourager Tetsurou, cependant, loin de là. Même réalité ou pas, ils étaient quand même enfermés dans ce même endroit, tous dans le même purin... Alors, il fallait bien se soutenir comme on pouvait. Même lui, oui...

Yes! Voilà!

Tetsurou rangea son briquet avec un sourire. Apparemment, il était content d'avoir enfin réussi à allumer cette clope. Content d'avoir —éventuellement— pu rendre service, mais aussi un poil soulagé parce que, même s'il aurait sûrement très honte de l'admettre, ça avait quelque chose de gênant, pour lui, de voir une cigarette éteinte... Comme un petit truc qui n'allait pas, quelque chose de dérangeant... Mais c'était bien trop personnel pour qu'il aille imposer cet avis à tout le monde. Voilà. Deux cigarettes allumées, et les médecins autour qui s'offusquent et sont à la limite de crier au scandale. Il l'avait donc fait, il l'avait vraiment fait! Seulement, cette rumeur grandissante qui s'était élevée sur le coup n'avait pas manqué d'énerver Tetsurou. Décidément, il ne les aimait pas, ces médecins. Est-ce que c'était un crime de fumer une petite clopine? Et qui étaient-ils pour juger? Eux tous, même lui, sans doute le plus concerné en tant que gérant, eux tous qui commettaient eux-mêmes un crime bien plus grand en faisant illégalement tourner le business d'un grand vide-ordures humain à l'échelle de la société?

Oh, vous faites chier, hein! J'veux plus vous entendre! Dehors, tiens!

Il avait donné un bon coup sur la table du plat de ses deux mains, et gueulé bien fort aussi, pour faire cesser le murmure. Un murmure vraiment pas assez discret. Non mais vraiment. Pour qui ils se prenaient? Tandis qu'ils prenaient la porte non sans protestations ni sans mots d'indignation, Tetsurou les couvait d'un regard vraiment mauvais depuis son bureau, fumasse. Il ne voyait même pas l'utilité de se déplacer pour des gens comme ça. Des gens d'aussi peu de valeur. C'est vrai, nous sommes tous égaux, nous méritons tous de vivre... Mais comparés à des gens vraiment méritants qu'on peut trouver dans ce monde, certains donnent limite l'impression d'avoir volé leur vie.

Bande de pauvres culs. Ça fait des commentaires alors que parie que ça clopine en cachette entre deux couloirs, fenêtre ouverte... 'Tin, ça me dégoûte.

Pas dit très haut, ça. Peut-être un peu par lâcheté, qui sait, "nous sommes tous un peu lâches", mais aussi et surtout parce qu'il n'arrivait même plus à desserrer les dents tellement ça l'agaçait. Et voilà qu'un jeunot du fond —jeunot, façon de parler, il devait avoir son âge ou peut-être même quelques années de plus que lui, mais il était plus beau, ça le faisait déjà paraître moins vieux— avait encore le front de lui parler avant de sortir... "Je vous donne tout de même le dossier du patient, Monsieur Ousamu?" Là, surprise de Tetsurou. Ça voulait dire quoi, ça? Comment ça se faisait qu'un de ces médecins se retrouve avec un dossier comme ça en sa possession? Et depuis quand il avait besoin de demander qu'on lui remette? Tandis qu'il s'approchait du médecin, contournant son bureau jusqu'à la porte pour voir de quoi il en retournait, il ne se priva pas de faire la remarque tout haut. On lui répondit qu'on avait pensé que ça ferait gagner du temps de sortir le dossier tout de suite et de le lui remettre à l'arrivée du patient pour qu'il n'aie pas à le chercher. Traduction immédiate dans la tête de Tetsurou : "Votre bureau est tellement en foutoir que je voulais vous épargner la peine de vous casser le cul à trouver ce dossier —que vous aviez sans doute rangé n'importe où." Merci bien... Bon, ceci dit, il fallait bien se mettre à la place des imbéciles, ça partait d'une bonne intention. D'un geste malpoli, Tetsurou prit le dossier des mains du médecin et lui fit signe de sortir, lâchant un sec :

Mmf, ça va, merci bien.

Et le dernier médecin sortit en refermant la porte. Dire merci... Il le fallait bien, après tout, même si Tetsurou était très vexé, il était forcé d'admettre qu'effectivement ça lui évitait d'avoir à farfouiller dans ses dossiers. C'était vrai, qu'il était désordonné. Mais il s'en fichait. Il vivait bien avec son bordel, et quoiqu'il s'en plaigne de temps en temps pour la forme, dans le fond, il n'avait pas l'intention de changer. Bon. Tetsurou se colla un instant le dos à la porte, juste histoire de s'appuyer sur quelque chose une nouvelle fois, et il parcourut le dossier, maintenant qu'il l'avait, de son regard de myope. Silence respectueux. Puis, au bout d'un moment :

...Ah ouais, quand même.

Il revint alors faire face à Akio, cette fois là où il se trouvait à son entrée dans la pièce. Il avait toujours le dossier dans les mains mais c'était pesant et surtout pas agréable à lire. Ces dossiers-là sont jamais agréables à lire, Tetsurou. 'Faut pas rêver. Là encore, il préféra être sincère. Ça vaut toujours mieux que cette sale hypocrisie des médecins.

Je te plains. Je pourrai jamais savoir exactement comment toi, tu vois ça, mais je trouve ça très triste. Donc je te plains.

On ignorait d'ailleurs exactement ce qu'il avait lu. Est-ce qu'il avait été mentionné quoi que ce soit sur les faits, sur la vie d'Akio, sur ses parents, sur la façon dont sa pauvre mère était morte...? Allez savoir. De toutes façons, rien que ce dont "souffrait" le garçon, Tetsurou trouvait ça triste. En ce moment même, d'ailleurs, Akio ne l'avait écouté. Il devait écouter autre chose. Penser à autre chose. Il secouait la tête comme pour en chasser une idée, les mains fortement agrippées à ses cheveux. Et ça aussi, ça faisait de la peine à Tetsurou. De le voir comme ça... Finalement Akio le regardait à nouveau... Alors le binoclard se remit à lui parler. Il avait décidément l'air peiné, en cette situation, et ne tenait pas à prendre un faux visage rien que pour faire croire que tout allait bien. C'était stupide...

Mmh... Ça a pas l'air d'aller fort, hein... Ça va sans doute être difficile... J'veux dire, le temps que tu puisses un peu te détendre ici.

Il préféra ne pas en dire plus. D'abord, parce que ça paraissait con qu'on puisse se "détendre" dans une prison pareille. Mais ça lui avait semblé le meilleur mot. Il ne voulait pas dire "oublier", parce que ce n'était pas ça. Il ne voulait pas non plus dire "aller mieux", parce qu'ou bien ça allait trop loin, ou même c'était insultant... Finalement Tetsurou, après un soupir, puis un silence, lâcha un nouveau sourire et regarda Akio dans les yeux.

Pardon d'avoir voulu te faire causer, tout à l'heure. À partir de maintenant personne t'y obligera. Du moment qu'on se comprend, que ce soit par gestes ou par mots, on s'en fout... On va pas s'imposer une direction. Tu fais comme tu veux.
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MessageSujet: Re: Once upon a time, the end. [ Libre ]   Once upon a time, the end. [ Libre ] Icon_minitime1Lun 15 Mar - 22:53

    Akio avait l'impression d'avoir raté quelque chose. Comme si il était revenu un peu après la fin des publicités. C'est vrai, certains mots avaient couverts la voix dans sa tête mais il n'avait pas pu savoir. Alors il ne comprenait pas. Pour changer, il ne comprenait rien. L’homme n’était plus à la même place, mais il était toujours là. Il avait dans les mains un dossier, et cette fois il était certain, certain que c’était le sien, certain que maintenant il allait vouloir le tuer. Parce que maintenant, il allait le haïr, parce que c’était normal, parce qu’il était un assassin, parce qu’il était un fou, et parce qu’on l’avait mis à la poubelle. Avec toute la réflexion que sa folie lui permettait d’avoir, le jeune homme trouvait ça terrible. Monstrueusement terrible de se débarrasser ainsi des gens un peu différents. Certains arrivaient à vivre avec leur folie, et pourtant non, on les mettait de côté, on les jetait aux oubliettes, et on faisait semblant qu’ils n’avaient jamais été là. C’était inhumain de traiter des gens de cette façon, il voyait ça comme ça. Et ce n’était pas tellement l’endroit qui les accueuillait qui le dérangeait, c’était là d’où ils venaient. Leur lieu d’origine à défaut de famille. Parce que c’était à cause d’eux que tout commençait. Tous, là-bas dehors, pensent qu’il faut rentrer dans les cadres. Et aucun débordement n’est toléré, même quand il n’est pas voulu. Parce qu’eux, généralement, ne demandaient qu’à rester là-bas, qui sait, on aurait même pu les guérir... Mais non. Cela aurait pris du temps. Et le temps, ils n’en avaient plus, puisqu’ils couraient après.

    Non, l’adolescent ne pensait pas toutes ces choses de cette manière, mais c’était globalement l’idée qui se dégageait. Et Akio trouvait ça injuste. Du moins, il croyait trouver ça injuste, parce qu’il n’en savait rien. De plus, à son sujet, la société a bien fait, il en est persuadé, son père a bien fait. Oui, bien fait de dépenser ses dernières économies pour envoyer son fils à la mort. Mais ça n’était plus son fils, son fils était mort. Mort avec sa femme, alors il ne perdait rien. Mais il pleurait toujours, sans qu’Akio le sache. Peut-être même que bientôt, il en mourrait. Et dès lors, Akio n’aurait plus personne. Ni oncle, ni tante, ni frère, ni mère, ni père, ni sœur, ni ami. Seul au monde. Mais ça, il l’était déjà, non ? Comme depuis longtemps, depuis toujours peut-être.

    Le gérant de l’hôpital ne devait pas savoir, il ne devait pas savoir qu’il allait conforter son patient dans son idée, l’enfoncer dans son délire. Lui insérer à coup de marteau l’idée que c’en était fini de lui. Et même si, au final, il n’attendait que de mourir, ça lui faisait peur. C’était bien normal. On a tous peur de la mort, même un peu. Et lui, dans la mesure où on lui avait dit qu’une fois mort, on tombait dans un trou sans jamais toucher le fond, avait peur de la mort. Eh bien oui, il avait le vertige. Sauter de la fenêtre lui avait donné des nausées. Alors que ce n’était que le premier étage.

    Mmh... Ça a pas l'air d'aller fort, hein... Ça va sans doute être difficile... J'veux dire, le temps que tu puisses un peu te détendre ici.

    Temps d’arrêt. Akio analysait chaque mot, chaque phrase, chaque tournure, puis d’un oeil absent, l’expression sur le visage de l’homme. Mais il ne les connaissait plus alors toutes ces moues qu’on fait inconsciemment, il ne les différenciait plus trop. Son cœur s’accéléra. Ces mots lui faisaient peur. Qu’est-ce qui allait être difficile ? De le tuer ? De l’oublier ? Ou pour lui, de se laisser tuer et oublier ? Non, il ne savait pas, il ne savait plus. Doute. Crainte. Angoisse. Peur. Et il avait l’impression que son nez saignait sous l’effet de l’angoisse, il avait l’impression que sa peau saignait, que tous ses pores crachaient son impureté. Ca aussi, c’était terrible. Toujours cette impression que même son corps ne l’accepte plus, qu’il essaye de se sortir de lui-même.

    En bref, on l’avait amené là pour se débarrasser de lui. Et on osait prétendre qu’il allait se détendre ? C’était impossible. Même chez lui, dans l’ambiance la plus sécuritaire au monde, il n’était pas détendu. Alors ici, dans ce monde monochrome, impersonnel, froid et inconnu, il ne pourrait pas se détendre. Une nouvelle fois, l’homme avait raison, ça serait difficile. Akio lui fit un sourire entendu. Non, ce sourire n’avait rien à faire là, mais lui non plus, n’avait rien à faire là. Lui devait partir. Il devait aller là où il ne dérangeait plus. Là où personne ne dérange plus. Ouais, on lui avait dit. Alors pourquoi pas sourire ? Pourquoi pas mourir.

    Tu commences à comprendre mon chéri, c’est bien, tu deviens grand. Tu sais maintenant que tu n’as pas le droit, pas le droit d’abuser de leur patience. Ils ne méritent pas tout ça, tu sais. Pas comme toi. Tout ce qu’il t’est arrivé, tu l’as mérité, tu l’avais cherché. Prends-toi en à toi-même si aujourd’hui, tu en es là. Même pour ton bras cassé, pour ce qu’il s’est passé Cette nuit Là. Tu t’en souviens, hein ? Tu t’en rappelles finalement. Tu n’avais pas le droit d’oublier. C’était trop simple. Mais tu le sais, tu l’as mérité, pas vrai ? Ils t’ont fait mal, pas vrai ? Bien sûr, c’est normal. Tout sali, le chéri. Sali de l’intérieur. Ne t’inquiète pas, des taches au milieu d’autres taches, ça ne se verra pas. Ou juste un peu, si peu. Mais personne ne le sait, et tu ne le diras pas. Parce que tu es un grand et bon garçon.

    Grimace. Hochement invisible de tête. L’enfant se faisait réprimander et se contentait de dire oui, sans considération de question ou de quoi que ce soit d’autre. Qu’il faille dire oui ou non, c’était oui. Parce que dire non était interdit. Akio en était resté à ce stade. La pièce semblait beaucoup moins bruyante. Et l’adolescent croyait que toutes ses chimères étaient parties, que ses fantômes, ses craintes n’étaient plus là. Mais une rumeur de fond courait encore le long des murs, dans ses oreilles, celle-là, c’était la sienne. Celle de tous ces badauds agglutinés autour de l’enfant aux mains impures, au visage baigné de larmes, et autour du cadavre qui pourrissait déjà. Qu’est-ce que tu as fait... ? Tu dois t’enfuir ! Va-t-en ! Tu dois mourir ! Mais quand ? Quand ? Quand ??

    Pardon d'avoir voulu te faire causer, tout à l'heure. À partir de maintenant personne t'y obligera. Du moment qu'on se comprend, que ce soit par gestes ou par mots, on s'en fout... On va pas s'imposer une direction. Tu fais comme tu veux.

    Il faisait comme il voulait ? C’était impossible. Comment allait-il faire si c’était « comme il voulait » ? Non, ça ne pouvait pas être comme il voulait. Il ne voulait pas, il ne voulait rien. Autant préciser que le reste de la phrase n’était pas encore passé dans tous les coins de son cerveau malade. Il était resté coincé sur la fin. Cette fin de phrase qui ne voulait rien dire, du moins pas grand chose. Pas pour lui, pas toute seule. C’est vrai : Tu fais comme tu veux. Ne voulait rien dire. L’avoir fait parler ? Akio baissa les yeux en y repensant. C’est vrai. Il avait parlé. Bafouillé des mots, serait plus exact. Mais il n’aurait pas dû. Parce qu’il n’avait pas le droit de parler.

    Le regard noir comme la cendre du fou partit se replacer dans celui de son interlocuteur. Ses yeux cherchaient un point d’accroche. Puis pour toute réponse, un rictus tira doucement ses lèvres, et il fit un hochement de tête. Dans son langage personnel, ça signifiait quelque chose comme « Merci beaucoup ». Est-ce que c’était clair ? Bah... Il n’en savait rien.

    Ses pas, - qui restaient jusque là dans un rayon tel que : Avant-arrière-arrière-avant-avant, élargirent leur trajectoire. Dorénavant, il s’autorisait un plus grand tour, de sorte à se rapprocher un peu de ce qui ressemblait à la porte. Et à s’éloigner de ce qui ressemblait à un bureau, enseveli sous les papiers. Parce que ça le rendait dingue ( Bien que l’expression soit mal choisie ) un désordre pareil. A vrai dire, ça le perturbait, et il n’était pas à grand-chose de se jeter dessus et de tout ranger. Mais dorénavant, sa cigarette le calmait un temps soit peu mieux. Normal, maintenant qu’il la fumait vraiment. Il n’avait pas l’impression que ça ait changé quoi que ce soit, mais maintenant, elle se consumait.

    Et maintenant... Tu n’as plus rien à faire ici ! Quand est-ce que tu vas mourir ? Pars de cette pièce, Aki. Tu dois faire vite. Avant qu’il ne soit mort. Dépêche-toi !!

    D’accord. Akio hocha la tête. Un hochement de tête dans le vide. Ca n’appartenait à personne et ne se destinait à personne. Comme un rocher solitaire au milieu d’une plaine de verdure. Aussitôt et sans plus réfléchir, il se retourna, se dirigeant vers la porte. Une fois que sa main fut posée sur la poignée, il la retira précipitamment. Une immense tache noire avait immédiatement commencé à recouvrir sa main. Ca ressemblait à de la pourriture. Et ça sentait pareil. Du moins, il le croyait. A présent, il restait tétanisé devant la porte, se frottant la main pour ne pas qu’elle recommence à pourrir. Incapable de bouger, de comprendre. Pourquoi ?

    Jamais, non jamais, ses hallucinations n’avaient été aussi loin. Sans doute ce transfert, ce séjour à l’hôpital, qui avaient aggravé la situation. Après tout, son dernier semblant de soutien l’avait laissé là sans aucune autre forme de procès. Ni un au revoir, ni un simple bisou, rien qu’un regard froid et ivre. Puis ce retrouver ici, inconnu parmi ces inconnus, ancien être humain, nouveau numéro. Cela l’avait perturbé. Et il n’avait rien trouvé d’autre que ça pour le manifester. Et sa main, il avait encore l’impression de la perdre. D’un certain côté, c’était logique, il se servait de son bras cassé.

    Et la cigarette continuait de se consumer dans sa bouche crispée par la peur.
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Ousamu Tetsurou
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MessageSujet: Re: Once upon a time, the end. [ Libre ]   Once upon a time, the end. [ Libre ] Icon_minitime1Mer 17 Mar - 17:57

Tiens, un sourire. Ou du moins, quelque chose qui y ressemblait. Était-ce moqueur? Il était clair que Tetsurou n'aimait pas trop le goût de ce qu'il était en train de dire, en ce moment même, et il était fort possible que ce garçon-là le voie comme un ramassis de conneries —ce que c'était peut-être, au final—.

Mnh... 'Faut se reprendre... 'Faut se reprendre. Je peux tout de même pas me laisser dicter mes pensées par tous les patients qui passent. Entre faire des choses pour eux et ça, y a une marge.

Mais Akio avait aussi hoché la tête... Alors, est-ce que ça voulait dire qu'il était d'accord pour ça? Qu'il le remerciait? Au juste, Tetsurou n'en savait rien. Mais, dans le doute, il préféra accorder le bénéfice à la solution la plus optimiste. Et ainsi, à tout hasard, même pas tout à fait sûr de la justesse de ce geste, il répondit au rictus du garçon par un sourire. Si jamais ce rictus avait été en réalité autre chose qu'un remerciement, sûr qu'à l'heure qu'il était, Akio pensait que Tetsurou le prenait pour un imbécile —si ce n'était pas déjà le cas ; maladroit comme il était, ce binoclard-là, ça restait un risque—... Restait juste à espérer, donc, qu'au contraire l'intuition soit la bonne. Néanmoins, cette idée claire qu'Akio savait parfaitement ce que cet hôpital représentait, et que toute idée d'un éventuel optimisme le ferait bien marrer, ne quittait pas l'esprit du jeune gérant. Après tout, ce garçon-là était loin d'être con, il savait comme beaucoup ce que c'était que cet endroit, et torturé comme il était déjà au vu de sa vie, il était clair que ça ne devait pas donner envie de sourire davantage... Tetsurou soupira et baissa les yeux en croisant les bras.

Mff... J'imagine que tu te fais pas d'illusions, hein... Et même si tu t'en faisais, moi vivant, ça durerait pas longtemps, crois-moi. J'aime pas faire vivre dans le mensonge. Mais... J'ai pas le choix, tu sais, je peux pas te renvoyer chez toi ni nulle part ailleurs. Alors, 'faudra bien faire avec. Si t'as besoin de quelque chose, en tout cas, tu me l'... Fais savoir.

Il allait dire "tu me l'dis", et puis s'était ravisé. C'est vrai. Déjà un peu plus tôt, ça lui avait coûté de parler, et le résultat n'avait pas été des plus brillants... Mais il y avait d'autres moyens de s'exprimer ; alors ça devrait aller... Oui, ça irait, va... Tetsurou releva la tête vers Akio, sur cette pensée, pour constater aussitôt que leur petit nouveau ne l'écoutait pas. Ou du moins, il n'en avait pas l'air. Il avait fini devant la porte et essayait à présent de l'ouvrir... Tâche qui apparemment n'était pas simple pour lui. Il voulait ouvrir cette porte, mais il n'y parvenait pas, pour une raison que lui seul pouvait comprendre, qui échappait et qui échapperait toujours à Tetsurou... Le gérant alors abandonna le dossier, le posant au hasard sur une pile parmi tant d'autres —il l'avait assez vu, de toutes façons—, et vint vers la porte pour l'aider. Lui, il n'aurait aucun problème pour l'ouvrir...

Tu veux sortir, pas vrai?

Finalement, de son pas mal réglé, avec son dos voûté, il vint se charger de terminer la tâche commencée par Akio. Voilà. La porte si difficile à ouvrir l'était à présent, et Tetsurou à côté qui indiquait au jeune homme le dehors... Ou, pour mieux dire, le "dehors à l'intérieur".

Voilà, c'est ouvert. Tu peux y aller.

L'ironie dans cette phrase-là était fort palpable, et voulue, en quelque sorte. Quel drôle d'idée, parler d'une phrase comme ça, qui évoquait plus la liberté qu'autre chose, alors qu'on était ici en prison? "Tu es libre..." ...Tant que tu restes à l'intérieur, pas vrai? Quel contresens... Pourtant, il y avait bien quelque chose de logique là-dedans, tout de même. Akio était cloîtré dans cet hôpital, à présent, comme tous les autres... Alors, inutile de le cloîtré encore plus en le forçant à rester dans cette pièce ténue, à l'espace d'autant plus réduit qu'elle était pleine, et en grand bazar. À présent qu'il avait enfin ce qu'il voulait dans l'immédiat, il n'appartenait plus qu'à Akio de faire ce qui lui plaisait. Enfin, façon de parler, mais... Vous me comprenez, quoi. Tetsurou pensa —un peu tard— au fait que le garçon avait une chambre ou dormir, et qu'il voudrait sans doute se reposer à un certain moment. Il le précisa alors après avoir attendu pendant un bon moment de silence.

Ah, au fait, j'te montrerai ta chambre, si jamais tu veux à un moment donné.

Oui. Peu importe quand. Ici, pas de règles d'hospitalité traditionnelles, c'était trop... Enfermant. Même au goût de Tetsurou qui pourtant semblait plus libre que les autres. Après tout... On a dit "semblait", hmm.
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MessageSujet: Re: Once upon a time, the end. [ Libre ]   Once upon a time, the end. [ Libre ] Icon_minitime1Mer 24 Mar - 1:02

    [ Wa wa wa ! J'suis désolée du retard et de cette réponse plus que moyenne >x< ]

    Non, il n'avait pas écouté ce qu'on lui avait dit. Pourquoi l'aurait-il fait ? C'est à peine si il avait entendu quelque chose. Oui, il avait été trop obnubilé par son espoir de sortir qu'il en avait tout oublié autour. Néanmoins, un coin qui restait attentif à tout en permanence avait noté le détail : "J'imagine que tu te fais pas d'illusions. " Des illusions ? C'était bien ça. Une désillusion. Ca n'était rien de plus. Bien sûr qu'il ne se faisait pas d'illusions, comment aurait-il pu ? Il n'était pas un de ces fous guilleret et jovial qui sautille partout en essayant d'attraper un papillon. Lui était plutôt le fou macabre qui ne pense qu'à la mort et fait peur à voir. Rien n'avait jamais été une illusion pour lui. Ca avait toujours eu un caractère funeste. Même une file de voiture qui passait en klaxonnant pour célébrer un mariage, c'était triste. Donc Akio ne se faisait effectivement pas d'illusions. Lui n'avait que des hallucinations. Et pourquoi au final ? D'autres enfants avaient déjà vu leur mère mourir et s'en étaient bien tirés, non ? Peut-être pas vraiment. Mais lui ne s'aidait pas. D'un côté, la culpabilité était trop forte, de l'autre, sa crédulité en avait fait la cible parfaite. Parce qu'il faut bien de fous pour faire un monde, non ?

    Tu veux sortir, pas vrai?

    Bien sûr qu'il voulait sortir. Mais pour aller où ? Il n'en savait rien. Tant qu'il sortait, le reste était obsolète. Tant qu'il échappait à ce désordre qui régnait. Cette pièce ressemblait un peu à sa tête, tout était retourné, empilé en tas, enseveli sous des choses inutiles, dans un désordre si immense que personne ne savait par où s'y prendre. Et surtout pas le propriétaire du désordre en question. Lui regardait l'état des lieux avec un peu de recul sans savoir par où entamer le rangement. Et le rangement ne s'entamait jamais, surtout pas dans le cas d'Akio. Mais bref, il avait évidemment envie de sortir. Et d'ailleurs, la porte était à présent ouverte, néanmoins, il ne savait pas si il voulait, si il devait sortir. Mais, doté d'un grand respect pour tous les êtres humains, il attendait qu'on lui dise qu'il devait, qu'il pouvait sortir. Même si le geste semblait l'inviter à s'en aller. Ce geste, si il avait su conserver la raison, l'aurait fait vomir. Après tout, qu'est-ce que cela signifiait ? C'était le geste de la liberté. Or, même fou, même malmené par lui-même, il savait que cet endroit n'était pas la liberté. C'était tout l'inverse. Une cage humaine, une poubelle, une boîte oubliée où l'on empilait tout ce dont on ne voulait plus. Tout ce qui nous était inutile.

    Voilà, c'est ouvert. Tu peux y aller.

    C'est ouvert. D'accord. Le petit bouton vert, celui qui approuve, s'alluma dans la tête d'Akio qui franchit la porte. Après l'avoir franchie, il se tourna vers le gérant, par signe de soumission, de respect, ou d'on ne sait trop quelle autre forme d'obéissance il était capable d'apporter.

    Tu vois, il veut que tu partes, que tu ailles là où on t'oubliera. Et tu vois, quand tu y seras, quand tu y seras le monde sera en paix. Tu comprends ça mon chéri ? La paix, une jolie paix. Et toi, tu n'existeras plus. Parce que tu sais, les gens vivent tant que quelqu'un se souvient d'eux. Mais aujourd'hui, qui se souvient de toi ? Hm ? Cite moi un nom mon chéri ? Un seul nom ? Papa ? Mais si il se souvenait de toi, pourquoi es-tu là ? Hn hn, il t'a oublié lui aussi. Ils avaient besoin de t'oublier. On oublie toujours les Diables. Et tu en es le fruit. Plein de pépins, de vers. Tu es pourri. Pourri, pourri, pourriture.

    Akio pouvait y aller. Pouvait aller se faire oublier. Aller cesser d'exister. Oui, d'accord. Et il se serait fait un plaisir d'obéir si seulement il avait su où c'était. Or, il n'en savait rien. Comme d'habitude.

    Ah, au fait, j'te montrerai ta chambre, si jamais tu veux à un moment donné.

    Akio était revenu à temps cette fois. Seuls les trois premiers mots avaient sauté. Qu'on lui montre sa chambre ? D'accord. C'était d'accord. Il lui montrerait sa mort. C'était ce que cela signifiait pour le garçon. De toute façon, finalement, être ici ou ailleurs, ça ne changeait plus grand-chose. Se mourir seul dans sa chambre ou dans une autre chambre. La seule différence était au niveau des autres. Peut-être qu'ici, tous les autres -si tant est qu'il y en ait eu- était aussi rejetés ? Même si Akio en doutait. Enfin non, il n'en doutait pas, il n'y croyait pas. Kurai avait enlevé tous ses doutes. C'était impossible. C'était lui le vomi de la société. Il était l'excrément de l'humanité. Mais même ça, c'était impossible, c'était lui donner une importance que Kurai n'était pas d'avis de lui accorder.

    Quand est-ce que tu vas mourir, Aki ?Les fruits pourrissent, et tu as pourri. Tu dois tomber, tomber et disparaitre. Tu le vois encore, son dernier regard ? La flamme qui s'éteignait, ses yeux qui disaient au revoir ? Ne brûlaient-ils pas de colère à ton égard ? Bien sûr que si. Bien sûr que si. Tu dois mourir, chéri.

    L'adolescent planta ses ongles assez fort dans sa main, pour essayer de se contenir, de ne pas se mettre à hurler, à pleurer, à s'arracher les cheveux. Mais il s'accrocha à la proposition de l'homme de lui montrer sa chambre et hocha la tête, s'engageant déjà dans le couloir. Histoire d'avoir du mouvement.
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MessageSujet: Re: Once upon a time, the end. [ Libre ]   Once upon a time, the end. [ Libre ] Icon_minitime1Jeu 25 Mar - 19:09

HJ : Ara, ara, t'excuse pas, on a tous une vie à côté, hein. XD Et arrête de dire que tes réponses sont moyennes, pitié. T^T Comparée à toi j'écris que de la meurde, alors je me sens encore plus mal à l'aise...^^"

~~~

Tiens, il avait l'air d'accord, le petit jeune. En tout cas c'est ce que Tetsurou comprenait par son arrêt à sa question, et par cette nouvelle mise en mouvement peu après. Puis surtout, bien entendu, il avait hoché la tête... Qu'est-ce que ce geste-là aurait bien pu vouloir dire à part "oui"? Et au moins, cette vision-là des choses était à peu près universelle... Pas besoin de langage pour montrer son approbation. Ainsi, il avait l'air d'accord pour aller voir, maintenant. Maintenant? Bah, pourquoi pas. Où aurait-il voulu aller, sinon? Cette affreuse cour carrée du centre faisait tellement penser à une cour de prison, les couloirs étaient austères, et allez savoir s'il était vraiment d'humeur à se ballader dans la salle des divertissements... Non. Au moins, dans un lieu privé, il pourrait se reposer ou faire ce qu'il voudrait dans une liberté plus inconditionnelle. Non pas que Tetsurou empêche de faire quoi que ce soit librement, dans cet hôpital —bon ; il refusait en gros que les gens se tuent entre eux, qu'on se fasse du mal à soi-même et qu'on aille lui échauffer un peu trop la bile, mais en somme, du reste, il n'allait pas contraindre plus encore ces pauvres pensionnaires—, cependant, c'était un fait humain, qui n'était peut-être pas toujours valable dans la folie mais qu'il ne fallait pas oublier : on est moins enclin à faire tout ce que l'on pourrait faire seul, lorsqu'on est entouré de gens susceptibles de vous regarder... Alors, quand il n'y avait personne, sans doute, on se sentait moins oppressé.

Mf, mais attention, Tetsurou... Prends pas ton cas pour une généralité...

Petit soupir pour lui-même. C'était tout lui, ça... Quand il essayait de jouer les empathiques, ça finissait par tomber dans une sorte d'égocentrisme qui le poussait à croire que tout le monde pensait un peu comme lui... Un comportement que le jeune gérant détestait chez lui-même, et qu'il chassait aussitôt qu'il le sentait arriver, mais que voulez-vous, on ne se refait pas... Passons donc à ce que nous avons résolu. Cela vaut mieux pour tout le monde.

D'accord. Alors, viens...

Ça non plus, ce n'était pas très poli, mais si on demandait à ce type-là d'apprendre la politesse... Cependant, comme il passait aux côtés de son "patient" pour le conduire jusqu'à l'endroit en question —pas devant tout à fait, parce qu'il n'aimait pas avoir à s'occuper de quelqu'un qu'il ne voyait pas parce qu'il était dans son dos, mais pas non plus derrière parce que c'était quand même lui qui savait par où il fallait se rendre—, Tetsurou remarqua tout d'un coup le geste d'Akio à son propre égard. Ce jeune homme se plantait les ongles dans la main, quasiment jusqu'au sang. Oui, à ce train-là, il allait à coup sûr se faire saigner...

Eh! Un problème?

Façon de demander "Ça ne va pas?". Tetsurou préférait effectivement commencer par cette question-ci avant que d'en arriver à lui demander ~pourquoi~ il faisait ça. Parce qu'il savait peut-être bien, déjà, pourquoi. Il connaissait ce genre de gestes, ces violences qu'on se faisait à soi-même pour se contenir, contenir quelque chose en soi. Mais alors, cet Akio contiendrait quelque chose en lui, un cri ou une douleur qu'il ne voulait pas relâcher? Mais c'était pas bien de garder ces mauvaises choses enfouies en soi... Surtout pas dans un endroit pareil, où la vie était déjà assez horrible comme ça... Se sentant, dans l'instant, foutrement mal pour ce pauvre garçon qui devait bien souffrir à côté de lui, Tetsurou vint passer son bras autour de ses épaules pour le soutenir tout en marchant. Peut-être allait-il être repoussé, ou évité par le jeune homme, peut-être que ce dernier serait désagréablement surpris par son geste... Tant pis. Tetsurou n'allait pas tout préméditer non plus. Les actes prémédités, ça avait un sale goût d'hypocrisie... Seule la spontanéité paraissait honnête.

Te fais pas du mal comme ça, voyons. Y a un truc que tu gardes en toi et qui veut pas sortir, je me trompe? Y a quelque chose qui te fait mal, physiquement ou moralement, quelque part, pas vrai? Mais, laisse donc... Te détourne pas de tout ça en te faisant violence, y a des moyens moins douloureux de tout lâcher... Ici, si tu veux crier ou pleurer, ou rire d'ailleurs, tu peux le faire autant que tu veux. Personne te retiendra ou te demandera pourquoi. Enfin. C'était peut-être déjà comme ça avant, mais... Enfin, je veux dire... De même, si tu veux de l'aide de la part de quelqu'un, on est là. D'accord?
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MessageSujet: Re: Once upon a time, the end. [ Libre ]   Once upon a time, the end. [ Libre ] Icon_minitime1Mer 31 Mar - 0:42

    Oh, oh. Pourquoi est-ce qu'il faisait ça ? Pourquoi est-ce que ce hurlement ne voulait pas sortir ? Ca faisait trop mal, sûrement bien plus mal, de laisser sortir que de contenir, du moins pour l'instant. Alors si la faible douleur physique pouvait empêcher tout ce qu'il gardait de sortir, ce n'était pas plus mal. Du moins pour l'instant. Parce qu'il savait bien, il savait bien que c'était impossible de toujours tout garder. Du moins, ça ne lui avait pas réussi. Alors il s'était promis que dorénavant, il essaierait de se laisser aller juste un peu avant d'exploser. Parce qu'un jour, il finirait par se tuer. C'était évident. De toute façon, ce pauvre bougre ne vivrait sans doute pas vieux. Et puis, à quoi bon vivre vieux si c'est pour vivre aussi mal ? Si c'est pour ne rien faire d'autre qu'être ici, dans cet hôpital, à se faire oublier. Une fois qu'on l'aurait suffisamment oublié, il pourrait s'en aller alors, non ? Akio avait décidé que si cela durait trop longtemps, et qu'il n'arrivait pas à en sortir, il mettrait fin à tout ça. D'ailleurs, n'était-ce pas ce qu'on aurait dû leur faire à tous ? Leur offrir la liberté plutôt que cette éternelle douleur ? Les laisser s'en aller plutôt que de les emprisonner ? Ha ! Cette fichue morale humaine. Il ne faut pas tuer. Certes, mais quand la peine est considérée comme une torture, ne vaut-il mieux pas mourir qu'être torturé ?

    - Eh! Un problème?

    Sursaut. Perdu dans ses pensées, dans les méandres de sa réflexion, il n'avait rien entendu. Un problème ? Oui, il devait y avoir un problème. De toute manière, si il n'y avait pas eu de problème, il n'aurait rien à faire ici. Si tu n'avais tué personne... Mais il avait tué quelqu'un. Il s'était tué lui-même. Certes, il ne s'était pas présenté à lui-même les choses sous cet angle, mais globalement, ça ne signifiait rien d'autre que ça. On lui disait qu'il avait tué sa mère, oui, mais il vivait en elle. Et il est mort par sa mort, alors, en s'accusant d'avoir tué sa mère, il s'accusait de son propre homicide. Bien sûr, lui faire entendre cette version ne serait pas possible, après tout, ce n'était qu'une hypothèse, le fruit d'un travail de réflexion. Mais la réflexion, même si elle tient un raisonnement logique peut être faussée si les informations de départ ne sont pas exactes. Etaient-elles exactes ? Comment savoir ? C'est vrai, comment savoir avec précision ce qui traine dans la tête des gens ? Même eux, parfois, ne le savent pas. Savoir à leur place ? C'était impossible.

    Tout n'était qu'hypothèses, tout n'était qu'illusions.

    Et toi ? Tu n'es pas une hypothèse ? Une hypothèse faussée. Hein, Aki. Une erreur de calcul, une tâche indélébile. Quand est-ce que tu vas mourir ?

    Akio eut un rictus qui s'apparentait à une grimace de désapprobation, seulement, il n'aurait jamais osé le faire plus visiblement. Imaginez qu'on l'aie vu ! Ce serait la fin, oh la fin.

    L'homme, dont Akio ne connaissait toujours ni la fonction ni le nom, passa son bras autour des épaules du jeune brun. Son sang ne fit qu'un tour, et il se figea sur place. Il était devenu incapable de bouger, trop d'images défilaient en boucle, ces garçons, ce qu'ils ont fait, ce qu'ils lui ont fait. Sa lèvre inférieure tremblait légèrement, et une sorte de voile s'était installé devant ses yeux, de sorte qu'on remarquait aisément qu'il n'était qu'à moitié là.

    Et il te touche, sa main remonte, sa main descend, son sourire grandit, grandit encore, et toi, et toi ? Et toi tu ne dis rien, trop faible, trop shooté pour penser, pour même te rendre compte, tu savais, mais tu ne pouvais rien faire, et ça a griffé, ça a brûlé, t'as saigné, t'as pleuré, ils ont ri et t'avais mal. Quel douloureux souvenir, hm ? Oh oui ! Oh combien douloureux. Et là, et là, tu la sens cette main ? Cette main qui va bientôt descendre, sous ton T-shirt, dans ton pantalon, ce corps qui va s'approcher, se coller, se frotter, te faire mal en y prenant plaisir, ça va recommencer, Aki, tu sais. Tu sais que ça va recommencer. Tu dois réagir, non ? Mais ça serait le blesser, oh qu'il serait triste ! Un océan de tristesse. Tu souffriras bien ça en plus, pas vrai ? Tu es un monstre, ne l'oublie pas.

    Le jeune adolescent sent ses yeux qui commencent à le piquer, il les ferme assez précipitamment, histoire de ne pas pleurer, des tremblements s'emparent de son corps et la cigarette en vient à s'échapper de ses lèvres. Et son teint, son teint plus pâle que la Lune en cet instant.

    - Te fais pas du mal comme ça, voyons. Y a un truc que tu gardes en toi et qui veut pas sortir, je me trompe? Y a quelque chose qui te fait mal, physiquement ou moralement, quelque part, pas vrai? Mais, laisse donc... Te détourne pas de tout ça en te faisant violence, y a des moyens moins douloureux de tout lâcher... Ici, si tu veux crier ou pleurer, ou rire d'ailleurs, tu peux le faire autant que tu veux. Personne te retiendra ou te demandera pourquoi. Enfin. C'était peut-être déjà comme ça avant, mais... Enfin, je veux dire... De même, si tu veux de l'aide de la part de quelqu'un, on est là. D'accord?

    Les mots étaient entrés. Entrés et ressortis aussitôt. Un peu trop paniqué pour en analyser le sens, il les avait laissés entrer en essayant juste d'en capter quelques uns. De sorte qu'il avait retenu : Mal, physiquement, violence, douloureux, crier, pleurer, rire, comme, avant, d'accord ?

    Et ces mots associés, dans sa tête, n'avaient pas du tout la même signification que la phrase initiale. Aussitôt qu'il eut dit ça, le garçon se sentit fondre. Ses yeux affolés s'étaient tournés vers l'homme, qu'il regardait avec toute la crainte possible et imaginable dans les yeux. On pouvait lire toute sa détresse peinte sur son visage. Et face à cette douleur qu'il craignait de ressentir, la mort de sa mère pouvait presque paraitre annexe. Et pourtant, il n'osait pas se décaler, s'en aller, de peur que ça soit pire, que ça ne serve à rien, de peur de blesser et de rendre triste. Et il ne voulait pas. De toute manière, même si il l'avait voulu, ses jambes tremblaient trop pour esquisser le moindre mouvement. Alors ses yeux perdus partirent se perdre dans la cendre encore rougeoyante de la cigarette tombée au sol.

    Akio tenta d'esquisser un mouvement, d'essayer de reprendre consistance, possession de son corps, quelque chose, mais ses genoux flanchèrent. La réaction de son corps était sans doute bête, mais ce dernier n'avait rien trouvé d'autre pour avoir le droit d'exister. Et comme si le hasard se liguait contre lui, un de ses genoux avait atterri sur la cigarette, qui, faute de s'éteindre, devait commencer à lui brûler le genou. Mais cette fois, il était incapable de bouger, tout s'y refusait. Tout ce stress qu'il avait dû accumuler dans un coin de sa tête devait être évacué. Et ce simple contact en fut le déclencheur.

    " Qui craint de souffrir souffre déjà de ce qu'il craint. "
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MessageSujet: Re: Once upon a time, the end. [ Libre ]   Once upon a time, the end. [ Libre ] Icon_minitime1Mer 31 Mar - 12:30

Sursaut de Tetsurou, à la vue de ce genou qui tombait sur une cigarette encore incandescente. C'est évident que dans une autre situation, il se serait vite mis à paniquer pour la forme, mais étrangement, cette fois-ci, le réflexe habituel fut paré par une pensée qui passait avant tout : fais pas ça ; tu pourrais lui faire peur, lui faire prendre ça mal ; d'ailleurs, qui ne prendrait pas ça mal? Mais sérieusement, il fallait le ménager, ce pauvre gosse, il devait en avoir vues de belles dans sa vie. Pour être à présent aussi nerveux, aussi craintif, comme un animal embusqué, pour avoir cette espèce d'énorme boule à l'intérieur de lui-même qui lui faisait tout déformer et donner un sens différent à des choses ordinaires... Bon Dieu, mais qu'est-ce qu'on avait fait de lui? Il ne s'était pas mis dans cet état tout seul, tout de même... Il devait bien y avoir une part de son esprit là-dedans, mais il était impossible qu'il soit seul dans un coup pareil... Une telle boule de sentiments... De définitions faussées, d'un sens pourri donné à la vie... Comme s'il avait vécu à part...

Ménageons-le, alors. Il a l'air d'avoir tellement peur, de tellement détester cet endroit... En même temps, un lieu pareil ne mérite que d'être détesté, on ne peut pas lui en vouloir... Toujours est-il que le moindre geste, la moindre parole, pouvait être comprise de travers par Akio. C'était sans doute la première fois que Tetsurou avait à s'occuper tout seul d'un patient qui avait sa réalité à ce point déformée. Il avait bien compris, le scarabée à lunettes, que le fait d'avoir touché le jeune homme un peu plus tôt était une erreur. Tant pis. Il ne pouvait pas savoir. Il aurait essayé... Mais tout de même, qu'est-ce qu'il devait en avoir vécu, des choses... Et certainement pas des plus propres, vous pensez bien... Bon. Revenons à cette cigarette, n'est-ce pas? Pendant ce temps, elle brûle toujours. Après s'être remis de son sursaut, le gérant s'agenouilla devant Akio à son tour, instaurant dès lors un meilleur rapport de hauteur entre eux deux, avant d'aller enlever la cigarette de sous le genou de ce dernier en tendant le bras.

Fais gaffe, tu vas te cramer.

C'était à se demander, en vérité, s'il l'avait remarquée, cette cigarette, si même il lui prêtait une quelconque attention que ce soit. Tetsurou, lui, il l'avait bien vue, dès le départ, en bon maniaque qu'il était... Il y a une tache sur le plancher, quelque chose qui fait tache. Un déchet. Une cigarette. Ah ouais, bon, une cigarette, c'est pas trop un déchet, c'est bon, une cigarette. Mais ça n'a pas sa place par terre. Ainsi, il était aussi bien content de l'enlever de là où elle était. À ce moment, finalement, Akio parla à nouveau, soudain :

Qui craint de souffrir souffre déjà de ce qu'il craint.


Silence. C'est vrai, n'est-ce pas? Que les fous, si on peut s'exprimer ainsi, sont capables de sortir les choses les plus pertinentes. C'est parce que, paraît-il, le génie, s'il existe, relève de la folie. Tetsurou resta silencieux un instant, toujours à genoux devant Akio, appréciant bien le sens de cette phrase. Souffrir. Craindre. Évidemment... C'étaient bien des choses par lesquelles ce garçon était on-ne-peut-plus concerné, n'est-ce pas? Le binoclard finit alors par acquiescer, l'air très sérieux : évidemment, puisqu'il prenait tout à fait sérieusement ce qu'on lui disait là. Comme l'enseignement qu'un maître vous donne.

T'as bien raison.

Alors, seulement, il chercha à comprendre ce qu'Akio avait voulu dire par là, si encore il avait voulu dire quelque chose de précis. "Qui craint de souffrir..." Lui-même était dans ce cas-là, non? Peur et souffrance... C'était exactement ce qu'il respirait à cet instant, tel que Tetsurou le voyait là. Le jeune gérant se demanda donc si le mieux n'était pas d'essayer d'apaiser ses craintes. Mais comment? Si on le touchait, il prendrait peur ; si on lui parlait, il pouvait le prendre dans le mauvais sens... Tetsurou jugea cependant que la parole était encore le meilleur moyen. La parole, et il y risqua même un semblant de sourire, très petit, mais un sourire tout de même. Un sourire avec rien derrière. Si Akio y voyait quelque chose comme de mauvaises intentions, ce serait tant pis : Tetsurou le remarquerait également et il arrêterait de sourire comme ça, voilà tout. Ou alors il réessaierait ultérieurement, mais avec plus de prudence... On cherchait, à tâtons, des moyens de communiquer. C'est toujours un peu comme ça. Il faut y aller doucement, mais dans cet endroit où le rythme de course de la vie quotidienne n'existe pas, on avait tout son temps... Des jours... Des mois... Des années s'il le fallait... En prison, on n'a parfois rien d'autre à faire...

Ceci dit, ici, on te fera pas souffrir.

Tout simplement. Il aurait pu ajouter autre chose : du genre "ce n'est pas notre but", "t'as déjà assez souffert comme ça", de nombreuses choses qui se bousculaient de la sorte dans sa tête... Mais il fallait faire l'effort de les garder pour lui. Parler trop longtemps et avec trop de mots, ça encombrait, et ça bousculerait le jeune homme qu'il avait en face de lui ; à tout les coups ça se mélangerait dans sa tête et il ne comprendrait pas. Mieux valait, dans l'instant au moins, être le plus concis possible. Et après tout, dans ce cas précis encore, il disait la vérité...
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